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deathcrash

Paris, Maroquinerie - 7 septembre 2023

Live-report par Fab

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En l'espace de quelques années seulement, la carrière de deathcrash a suivi une trajectoire ascendante, depuis le brillant EP people thought my windows were stars les ayant révélés jusqu'aux deux albums publiés coup sur coup en 2022 et 2023, à savoir respectivement, Return et Less, disques sur lesquels le groupe a su prendre ses distances avec le post-rock des débuts pour embrasser le slowcore. Rien de très surprenant à les retrouver ainsi en première partie d'un des pionniers du genre, Codeine, pour leur toute première prestation dans la capitale. De quoi constituer une affiche d'une cohérence rare, et évidemment d'une très grande qualité.


Sous leurs allures de parfaits anonymes dans l'hexagone, deathcrash vont malgré tout trouver face à eux aujourd'hui une salle attentive, et surtout réceptive à leur proposition musicale. Auteurs d'une entrée en scène somme toute discrète, c'est sous des éclairages minimalistes et une bonne dose de stroboscopes que la prestation du soir va monter crescendo le temps d'une petite quarantaine de minutes, le temps de présenter une sélection de titres exclusivement tirés de leurs deux albums. Concentrés et appliqués, les quatre musiciens installés en rang d'oignon de gauche à droite de la scène se lancent en douceur avec un Sundown les voyant progressivement accélérer le rythme. Le public ne s'y trompe pas, les dodelinements des têtes après quelques dizaines de secondes étant suivis d'applaudissements nourris au bout de quelques minutes. Dès le court et direct Empty Heavy, c'est une toute autre ambiance qui se profile : après une introduction délicate, le rythme se veut plus soutenu, jusqu'à une explosion punk soutenue par les cris du batteur du groupe et une envolée de décibels, là encore saluée comme il se doit par le public.


Alternant entre ambiances plus aériennes et accélérations subites, les anglais délivrent un set homogène et d'une redoutable efficacité. Ouvert par une introduction à la guitare n'étant pas sans rappeler les meilleurs moments de la discographie de Mogwai et un chant parlé, Wrestle With Jimmy mise lui aussi sur une accélération du rythme et les cris gutturaux du batteur du groupe pour un titre tout aussi court que dévastateur. Les minutes s'écoulent rapidement, la fin du set approchant à grand pas et deathcrash décident alors de faire place à leur face la plus expérimentale, à l'image de American Metal, long et hypnotique avec son final faisant la part-belle aux motifs des guitares. Une prestation que le quatuor anglais achèvera avec Doomcrash à la montée lente et au final noisy, conclusion parfait d'un concert ayant su alterner avec brio entre le calme et la tempête.


Une petite trentaine de minutes plus tard, c'est face à une salle désormais copieusement remplie que débarquent Stephen Immerwahr, John Engle et Chris Brokaw, alias Codeine, pour le premier concert à Paris de l'ensemble de leur carrière. Une carrière il est vrai mise en parenthèse depuis 1994, en dépit de quelques signes d'activités ponctuels, et relancée temporairement depuis quelques mois à l'occasion de la sortie cet été de plusieurs rééditions. Papes du slowcore, un mouvement qu'ils ont largement contribué à faire naître, grandir et populariser via une discographie toute aussi maigre qu'admirable, sans avoir plus rien à prouver, les américains sont à cette occasion en plein milieu de leur probable ultime tournée. Complètement relâchés et détendus, visiblement heureux de l'accueil leur étant réservé à en croire Chris Brokaw, Codeine vont bercer le public local de leurs compositions lentes et contemplatives, mais indéniablement enivrantes pendant près de 1h15. Parfaitement maîtrisées, les chansons se suffisent à elles mêmes, les interprétations étant fidèles aux enregistrements studio, la simplicité des membres du trio les voyant se placer au service de la musique pour le plus grand bonheur d'une audience dont une partie non négligeable était encore trop jeune pour les avoir vus évoluer lors de leurs premiers faits d'armes. Un set qui se conclura notamment par une interprétation émouvante du dépouillé Broken-Hearted Wine.

Le temps d'une soirée mémorable, la capitale aura accueilli rien de moins que le passé et le futur du slowcore pour le plus grand plaisir des amateurs du genre.