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Temples

Paris, Cigale - 18 septembre 2023

Live-report par Adonis Didier

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La mi-septembre : le retour des semaines de 45h pour les reporters des concerts parisiens, peu aidés dans leur labeur par un temps changeant obligeant à moults prévisions vestimentaires et parapluiesques, sous peine de se retrouver trempé de la tête aux pieds à l'entrée de la Cigale, pour la troisième de l'année de Temples en terre parisienne. D'abord aperçus en promo dans le luxueux hall de l'hôtel Kimpton Saint-Honoré, puis encore en promo pour Arte CONCERT au Ground Control, c'est donc la Cigale qui nous donne à voir le premier concert intégral à Paris de la tournée du nouvel album des quatre garçons les plus fashion de l'année 1969, l'exotiquement nommé Exotico.

Le temps de se sécher les cheveux pendant la première partie, on jette un coup d'œil à son téléphone, et subitement, magie, des yuccas ont investi le fond de la scène. Non, vraiment, à part le sable fin et la mer turquoise, rien ne saurait différencier la scène de la Cigale d'une carte postale bahaméenne. Une ambiance entretenue par un fond de forêt tropical couvrant l'entrée des quatre musiciens, et par quelques cris de gibbons et de perroquets envoyés depuis un public plus qu'impatient.


Un fond déblayé par le riff d'intro de Liquid Air, première chanson d'Exotico et première chanson du soir. La saturation fait vriller les cheveux, si certains étaient inquiets du rendu live du nouvel album, celui-ci sera probablement le plus à son aise de tous ce soir. L'enfumage violet dopé aux champis de Cicada succède à la dansante Certainty, plus de doute, le concert sera comme attendu résolument plus rock que ne le laisse penser le groupe en studio, et ce n'est pas un mal pour couvrir les cris des nombreuses jeunes filles présentes dans la fosse, ayant amplement justifié le triple enfonçage des bouchons dans les oreilles (sortez couverts les gens !). Juste le temps de s'endormir sur la plage d'Exotico que l'on est déjà réveillés par Holy Horses, le rythme du concert se tient, Oval Stones nous rappelle qu'elle est la chanson la mieux écrite du dernier album, et arrive Keep In The Dark pour nous montrer qu'autant le public hurle fort, mais pour ce qui est du reste de la communication, par exemple taper dans les mains plus de cinq secondes, ça risque d'être compliqué.

On ne fera pas de mauvais amalgame entre jeunes filles et tendances sociales à se pointer à un concert pour jouer les influenceurs ou vivre son kiff dans son coin, mais le fait est que la communication semblera toujours un peu minimale entre un groupe venu pour se regarder jouer, et un public venu pour le regarder jouer et hurler dans les ultrasons. La très bouncy Hot Motion aura le mérite de réveiller tout le monde en faisant sauter le plancher de la Cigale, avant un enchaînement qui devrait désormais devenir un classique de Temples : Paraphernalia pour le disco et les jolies lumières, Gamma Rays dans une version surboostée et bien meilleure que le single racoleur qu'on peut trouver sur l'album, et Shelter Song pour rappeler que Temples est bien un groupe de rock psyché à la base.


Fin de concert ? Mais non, et la fosse va gentiment hurler et taper du pied parce qu'à peine soixante-dix minutes se sont écoulées, faut pas déconner ! Un effort inattendu de la part d'un public plutôt passif jusqu'ici, qui voit les quatre garçons fashion (dont je vous laisse aller admirer les sublimes atours dans la galerie photo) revenir sur scène pour une version de Mesmerise de près de dix minutes voyant le nasillard James Bagshaw (je vous assure, en live, il chante du nez) nous proposer ses meilleures poses pendant ses quatre-vingt-dix secondes de solo de guitare, ma foi pas spécialement nécessaires. Le rush final de la chanson remettra du cash dans la machine à hurlements, mais le sentiment général ne dépassera que rarement le cadre du concert plaisant. Qui de l'œuf ou de la poule, qui du groupe ou de son public, mais le constat est là, les membres de Temples ne sauront s'imposer comme des références du live tant qu'ils termineront encore des concerts immaculés, les yeux dans le miroir, le cheveu brillant et soyeux.

On aura vu plus de photographes que de transpiration sur scène ce soir, le syndrome d'un groupe monté sur les planches pour s'admirer dans les retours, et qui nous aura prouvé que si ses chansons, dans cet habillage plus brut et rock n'roll, sont largement au niveau, eux sont encore loin du compte lorsqu'on les compare à nombre de leurs compatriotes.
setlist
    Liquid Air
    Certainty
    Cicada
    Exotico
    Holy Horses
    Oval Stones
    Keep In The Dark
    Slow Days
    Hot Motion
    Afterlife
    Paraphernalia
    Gamma Rays
    Shelter Song
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    Mesmerise
photos du concert
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