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Squid
Naima Bock

Paris, Elysée Montmartre - 25 septembre 2023

Live-report par Laetitia Mavrel

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Les amateurs de céphalopodes marins, autres que ceux servis dans une assiette bien évidement, se sont tous retrouvés en ce lundi soir non pas pour célébrer la qualification des Dragons Rouges gallois en quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby, mais bien pour accueillir l'un des groupes les plus audacieux et excitant qu'il nous ait été donné de suivre dans ces colonnes depuis quatre ans. Squid, le très inventif quintet de Brighton, est de retour pour enfin nous présenter en live O Monolith, second album adoubé par la rédaction, cette fois-ci à l'Elysée Montmartre de Paris, gagnant à cette occasion en capacité d'accueil de spectateurs, leur précédent passage s'étant effectué au Trabendo de la Villette.

Telle la Madame Soleil qui officiait tous les mercredi au Club Dorothée, votre chroniqueuse avait lors de ce concert prédit que Squid monteraient en puissance pour répandre graduellement leurs petits tentacules dans notre univers indie rock. Les prévisions se sont avérées justes et après deux prestations remarquées en festival à Rock en Seine puis à la Route du Rock, Squid ont littéralement renversé ce soir la salle du boulevard Rochechouart, quasi pleine pour un premier jour de semaine.


Pour débuter, Squid ont invité Naima Bock, chanteuse et ex-membre de Goat Girl s'étant produite au mois de mai avec Fenne Lilly à la Boule Noire, en toute intimité. C'est seule à la guitare, assise dans un coin reculé de la scène, que Naima Bock tente de capter l'attention de ce public dissipé, dont la grande majorité se trouve agglutinée au bar. Et pourtant, cela ne déstabilise en rien la jeune anglaise qui, concentrée sur son chant très harmonieux, les yeux fermés, déroule une petite demi-heure de folk douce et soignée, mais qui ne sied malheureusement pas à l'atmosphère de cette soirée.


Vient alors l'attente pour Squid. O Monolith a encore une fois convaincu en mettant en avant l'incroyable érudition des cinq jeunes anglais, porteurs d'un univers musical foisonnant où jazz, post-punk, rock psychédélique et tout un tas d'expérimentation sonores fortement ancrées dans l'electro rendent difficilement classable le répertoire du groupe. Malgré la complexité des disques, le groupe réussit à recréer quasi fidèlement ce climat presque mystique, à grand renfort d'instruments en tous genres.
Trônant toujours sur le devant de la scène se trouve la batterie d'Ollie Judge, chanteur du groupe qui continue de son timbre dissonant à rendre puissant chacun des morceaux. Les prises ne sont pas ce qu'il manque sur la scène d'où l'interdiction formelle d'y déposer quoi que ce soit et surtout pas les verres de bières, sous peine qu'un gentil vigile ne vienne vous vilipender prestement. De nombreux synthétiseurs sont parsemés de part et d'autre d'Ollie Judge, avec toujours à ses côtés Louis Borlase, Arthur Leadbetter, Laurie Nankivell et Anton Pearson. S'ajoutent à cela les guitares, basses, violoncelle, cowbells et percussions ainsi que la trompette de Laurie, tous passant d'un instrument à l'autre, reproduisant ainsi l'orgie de sonorités des disques de Squid.

Sous un lightshow vif et stroboscopique, peu loquaces mais non avares en sourires, les membres du groupe vont durant presque une heure et demie partager la setlist de façon équilibrée entre premier et second opus, avec un inédit qui nous était à ce jour inconnu, Leccy Jam. L'arrivée sur scène se fait dans la pénombre et le concert débute avec l'entêtant Swing (In A Dream) rallongé habilement comme pour plonger tout le monde dans l'ambiance. Les percussions et la trompette sont pénétrantes et une petite masse de fans se concentre alors au pied de la batterie, ne tardant pas à pogoter tout en hurlant les paroles, tentant de passer au-dessus des premiers rugissements d'Ollie Judge.
La suite se fait avec If You Had Seen the Bull's Swimming Attempts You Would Have Stayed Away et son rythme martial qui empourpre radicalement les spectateurs les plus enjoués. Quelques titres après, les singles de Bright Green Field apparaissent avec le funky G.S.K et le morceau fleuve Narrator, qui ne cesse de monter crescendo pour atteindre l'orgasme (le tout sur huit minutes), sans les râles de Martha Skye Murphy mais qu'une poignée de fans tente de reproduire, faisant sourire le groupe et déstabilisant un peu la rédactrice de ces lignes.


After The Flash vient calmer tout ce petit monde et permet de souffler brièvement pour que tout reparte de plus belle avec le frénétique Peel St. suivi de l'onirique Documentary Filmaker, étonnamment bien retranscrit en live. Pamphlets rappelle que Squid est avant tout un groupe à guitares et le final se termine avec Ollie Judge se levant enfin de derrière ses fûts, micro en main, pour The Blades avec un chant qui sait se faire plus harmonieux, haranguant la foule qui, du premier rang au fond du bar, dodeline du corps et de la tête, se laissant hypnotiser par ce titre qui débute tout aussi calmement qu'il termine en explosion.

Squid maîtrisent à la perfection l'art du crescendo, de la digression, jouant tout au long de leurs titres de variations rythmiques qui nous font frôler la tachycardie. Les ambiances que le groupe créé ne permettent aucune indifférence : on adhère tout autant que l'on peut rejeter la créativité débridée, si riche et tellement atypique de Squid qui semblent prêts à persister dans cette tendance exploratrice libre de tout cadre ou contrainte. Une nouvelle prédiction qui se vérifiera très probablement avec le troisième album.
setlist
    Swing (In aA Dream)
    If You Had Seen the Bull's Swimming Attempts You Would Have Stayed Away
    Undergrowth
    Leccy Jam
    G.S.K.
    Narrator
    After The Flash
    Devil's Den
    Peel St.
    Documentary Filmmaker
    Pamphlets
    The Blades
photos du concert
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