logo SOV

Do Nothing
Humour

Paris, Point Éphémère - 19 octobre 2023

Live-report par Laetitia Mavrel

Bookmark and Share
Alors que les concerts dans notre agenda de cet automne débordent jusque dans la marge, arrive le moment fatidique des choix. Ayant la chance de vivre à Paris où les salles de concerts sont pléthores et axées sur le rock indé international, on se refuse alors de râler et on célèbre en ce jeudi soir humide le retour de Do Nothing, quatuor anglais stylé et aux antipodes des normes post-punkiennes qui continuent de régner dans nos discothèques.
Suite à un premier passage au POPUP! en mars dernier, alors à cinq sur la minuscule estrade servant de scène à la petite cave de la Bastille, Do Nothing ont passé haut la main leur examen d'entrée et ont surtout emballé les chroniqueurs présents de Sound Of Violence, plume et objectif tous deux convaincus par le charisme et la verve déraillante de Chris Bailey, chanteur-dandy sorti tout droit du rayon mode d'un Mark & Spencer qui sut alors tenir en haleine son auditoire avec ses tirades comico-amères, exercice d'autant plus périlleux qu'il se déroula face à des non anglophones.

Quelques mois défilent, le temps pour tous d'aller quérir Snake Sideways, premier LP de Do Nothing, rarement disponible sauf à le commander chez votre disquaire préféré et de s'immerger dans ce mélange de pop et punk décalé tout en groove et en guitares souvent énigmatiques, rendant de facto le style de Do Nothing quasi inclassable. Un challenge de plus à relever dans notre contrée qui reste hermétiquement fermée à toute promotion pour ces talentueux jeunes musiciens, on ne boude alors pas son plaisir à assister à une des quelques représentations qui nous sont offertes en France entre Paris, Tourcoing et Le Havre.


Le Point Ephémère n'affiche pas complet mais il est tout de même garni de spectateurs venus en connaissance de cause, un grand nombre étant présent au mois de mars et ayant, félicitons-nous-en, suivi les pérégrinations sur disque de la bande de Nottingham dans les colonnes de votre média favori. Lancés depuis septembre dans une tournée anglaise et européenne de plus de vingt dates et accompagnés de différents groupes pour assurer les premières parties (Opus Kink, Genn ou Big Sleep pour ne citer qu'eux), Do Nothing entament donc ce soir la dernière ligne droite et c'est au tour des écossais de Humour de venir ouvrir le bal.
Avec un premier EP, pure misery, sorti l'an dernier, nous avions alors fait la connaissance de cette formation aux rock particulièrement sombre et agité, guidé par les rugissements de Andreas Christodoulidis dont la force réside en une présence sur scène très imposante malgré un certain immobilisme. Avec un style qui emprunte largement à la dark wave et au gothique, il en ressort par les guitares et la rythmique lorgnant elles définitivement vers le 21ème siècle un drôle de mélange qui peine à nous accrocher. Sous le lightshow opaque et vif, tradition au Point Ephémère, un certain sens de la dramaturgie émerge du set des cinq Glasvégiens, un peu en décalage par rapport à la bonhommie de Do Nothing ce qui laissera circonspect une partie des spectateurs tout en attisant sa curiosité et recevant, comme cela a été le cas à l'International et au Supersonic précédemment, un accueil plutôt encourageant.

Place ensuite aux vedettes de la soirée qui reviennent au format quatuor initial. Avec plusieurs concerts au Royaume-Uni qui ont affiché complet, se produisant dans des clubs fameux tel le Clwb Ifor Bach à Cardiff, le Brudenell Social Club à Leeds et le mythique King Tut's Wah Wah Hut de Glasgow, Do Nothing semblent faire leurs premiers pas dans la cour des « grands en devenir ». Le challenge est en effet tout autre dans les pays européens, comme en Allemagne, en Belgique, ou prochainement en Italie tant toute la magie de leurs compositions repose sur les textes doux-amers et délicieusement sarcastiques, qui décuplent les points de charisme de Chris Bailey. Mais la barrière des langues n'est plus un problème quand nous nous retrouvons face à un tel personnage : toujours en costume sobre, le soulier vernis et la chevelure blonde digne d'une publicité pour un shampoing à la camomille, c'est en mode charmeur du service comptabilité que Chris Bailey aborde son public, jouant malicieusement avec cette ironie pour asséner les titres les plus rentre-dedans dont dispose le groupe.


Le concert débute avec Gangs, single de 2019 qui a alors permis à votre chroniqueuse de découvrir l'univers dissonant et furieusement dansant du groupe à la suite d'une prestation toute en averses sur les pelouses du Splendour in The Grass à Nottingham. On débute donc les chaloupements de hanches au son de la basse dominante et très profonde qui sera le fil conducteur tout au long du set. Avec maintenant trois EPs et un premier album, la setlist se densifie avec quinze morceaux et trois supplémentaires en rappel dont le très attendu LeBron James, nous offrant ainsi une heure et quinze minutes d'un concert plutôt intense, non pas dans les mouvements de foule mais bien dans l'interprétation de Chris Bailey qui, juché sur la scène tout en hauteur, peut toiser, haranguer et même aguicher son auditoire. Habité par ce personnage dont on se demande s'il n'est vraiment qu'un avatar, le chanteur donne tout son caractère à ce groupe décidément atypique.
Quant au jeu des musiciens, il reste irréprochable et ce malgré l'absence du claviériste qui avait donné beaucoup de coffre au concert du mois de mars. On apprécie cette pop tantôt funky, tantôt noisy, ce mélange des genres où la désorganisation semble régner mais n'est en fait qu'un habile subterfuge pour délivrer un son qui fourmille d'influences toutes aussi délectables les unes que les autres.

Cette nouvelle rencontre avec Do Nothing aura encore été un succès et l'on se dit alors que ce groupe qui sort vraiment des sentiers battus mérite réellement toute votre attention. On garde donc précieusement la petite setlist décrochée en fin de concert en espérant très fort que ces jeunes anglais hyper talentueux puissent rapidement sortir leur petite épingle de costard du jeu.
setlist
    HUMOUR
    Non disponible

    DO NOTHING
    Gangs
    Happy Feet
    Glueland
    Snake Sideways
    Waitress
    Rolex
    Fine
    The Needle
    Hollywood Learn
    New Life
    Ivy
    Sunshine State
    Contraband
    Amoeba
    Nerve
    ---
    Moving Target
    Lebron James
    Handshakes
photos du concert
    Du même artiste