Girl Ray

Lentement mais sûrement, le trio Girl Ray continue d'asseoir sa popularité au fil des sorties de disques. Après avoir rencontré un succès d'estime pour ne pas dire quelque peu confidentiel avec ses deux premières productions, Prestige, publié en août dernier et taillé pour l'été, avait vu les trois musiciennes délivrer quelques pépites disco pop bien senties, bien aidées vraisemblablement par les producteurs les ayant accompagnées récemment, à commencer par Ben H. Allen (M.I.A, Gnarls Barkley, Christina Aguilera) ou deux membres de Hot Chip, Joe Goddard et Al Doyle. C'est ainsi tout naturellement qu'une nouvelle tournée en Europe les amenait à se produire à Paris ce lundi 20 novembre.


Un peu plus de trois ans et demi après leur précédente venue, les anglaises retrouvaient ainsi la Boule Noire, dernière salle à les avoir accueillies dans la capitale alors en pleine période trouble du COVID-19. Une salle ce soir à moitié pleine seulement, la faute à une offre de concerts toujours débordante à cette époque de l'année, forçant le public local à des choix, désirés ou non. On aurait pu craindre que ce très relatif désintérêt puisse avoir freiné leurs ardeurs, mais les premières minutes de la prestation vont rapidement rassurer les plus inquiets, Poppy Hankin, Iris McConnell et Sophie Moss multipliant les sourires dès leur montée sur scène peu avant 21h. Une scène accueillant également un quatrième musicien, à la guitare et aux claviers, alors qu'à l'arrière-plan resplendit un néon à l'effigie de la pochette de leur récent disque.

Avec une setlist essentiellement centrée sur les titres de ce dernier, un choix assurément judicieux tant ils se révèlent dans leur majorité taillés pour la scène, Girl Ray ont visé juste. Les sourires se propagent rapidement à la fosse, tout comme les pas de danse et les dodelinements des têtes, les prises de parole touchantes de Poppy Hankin finissant de convaincre les plus réticents. Sans prétention mais avec une belle application, portées par une acoustique leur permettant de mettre en avant des lignes de basse entêtantes et une voix toute en retenue accompagnée de chœurs à l'unissons, les trois anglaises déroulent leurs titres avec une belle aisance. Entre pop légèrement lo-fi et sonorités plus synthétiques ou dansantes, les propositions du jour s'avèrent aussi attirantes que diverses et variées, le très prenant Hold Tight et sa guitare acoustique marquant l'entame du set tout comme Easy ou le très groovy Love Is Enough un peu plus tard.


Concentrée en une petite cinquantaine de minutes, rappel compris, le concert du soir va à l'essentiel et ne laisse guère de place à l'ennui. Accélérant quelque peu le tempo durant les dernières minutes, Girl Ray délivrent notamment une reprise entraînante et dynamique d'Everything But The Girl sous la forme de Missing, menée microphone en main par une Poppy Hankin délestée de sa guitare. Leur retour sur scène final pour deux titres les verra notamment asséner le coup de grâce attendu tout au long de la soirée par beaucoup : Give Me Your Love. Irrésistiblement dansant avec une multiplication des claviers et l'ombre de Hot Chip planant alors sur les lieux, notamment de par l'utilisation du chant vocodé, le titre fait figure de triomphe pour le trio et confirme son statut de petit tube en puissance, tant en studio que sur scène.

Une prestation dont on retiendra la fraîcheur des interprétations et un sens du groove exacerbé. Si la progression de Girl Ray se poursuit encore à l'avenir, nul doute que nous n'avons pas fini d'entendre parler d'elles !