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Johnny Marr

Manchester, The Warehouse, Aviva Studios - 8 décembre 2023

Live-report par Laetitia Mavrel

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Se rendre à Manchester est toujours symbolique pour une grande majorité de nos lecteurs, votre média préféré étant à la base un nid de fans d'Oasis, son forum fourmillant d'adorateurs de la période dorée de Factory Records et de la Haçienda et aimant débattre avec entrain sur les performances scéniques de Liam et Noel, se positionnant pour ou contre New Order sans Peter Hook et commentant les alliances vestimentaires parfois douteuses de Morrissey sur scène. C'est dire si l'aura de cette ville déteint fortement sur nous. Il était donc logique que votre chroniqueuse s'y rende pour participer à l'évènement de cette fin de semaine au Warehouse des Aviva Studios, nouveau lieu de culture très design qui baptise sa grande salle avec pas moins que la venue de Johnny Marr accompagné d'un orchestre symphonique composés de musiciens venant de Manchester.

Deux soirées qui permettent de promouvoir ce lieu où concerts, expositions, conférences et autres évènements se déroulent, subventionné par la ville et destiné à rendre accessible la culture au plus grand nombre. Johnny Marr étant un fervent défenseur de Manchester, l'occasion d'attirer les regards sur elle était à saisir. Ainsi, deux soirées y sont organisées, permettant au musicien de revisiter une partie de ses œuvres, nous en offrant alors une toute nouvelle lecture.
Prenant place dans la partie baptisée The Warehouse (ndlr : en français « l'entrepôt ») nous pénétrons dans une salle aux allures de gigantesque hangar digne des plus grands parcs des expositions. Tout en béton, sol et murs offrent une première impression de dépouillement. Muni d'un plafond aussi élevé qu'une nef de cathédrale, on imagine déjà que le lieu se prêtera parfaitement à un répertoire classique. Pas de gradins hormis quelques estrades, dont une pour les personnes à mobilité réduite, c'est donc debout et dans le froid que les spectateurs vont patienter deux heures, le concert n'ayant pas de première partie.


Mais nous faisons confiance à nos amis anglais pour se réchauffer à grand renfort d'allers et retours aux bars et espaces de restauration, créant une ambiance plutôt bon enfant dans cet immense bâtiment. La scène gigantesque n'est malheureusement pas très élevée, rendant la visibilité plutôt réduite au public qui se situe au-delà du premier quart de la fosse mais les très nombreux spotlights qui parsèment cette dernière nous assurent un show son et lumière digne des plus fameuses arénas.
Ainsi dès 21h l'orchestre prend place réunissant violons, violoncelles, flûtes traversières, cuivres, xylophones et autres percussions pour enfin laisser pénétrer Johnny Marr accompagné de son backing band, incluant son fils Nile. Extrêmement souriant, toujours prompt à la discussion, Johnny remercie chaleureusement le public et explique sa fierté d'avoir dans sa ville un tel monument dédié à la culture pour tous. Le set débute avec Armatopia et les instruments classiques apportent à la pop feel good du mancunien une touche d'élégance assez surprenante.

Johnny Marr prend un énorme plaisir à retravailler son répertoire. Piochant allégrement dans ses disques solo, leur réinterprétation est comme une renaissance. Cependant, on constate rapidement que cette revisite sur des titres assez mainstream comme New Town Velocity, Somewhere ou Easy Money ne les transcende pas véritablement.
C'est alors que les reprises de The Smiths entrent en scène et, malgré tout l'amour que nous portons à Johnny et à sa carrière depuis la fin de son groupe mythique, c'est bien lors de l'interprétation des perles telles How Soon Is Now?, Please, Please, Please, Let Me Get What I Want ou There Is A Light That Never Goes Out que la magie opère. Déjà hissés au rang de monuments, ces morceaux atteignent des nouveaux sommets d'intensité avec les violons et flûtes traversières qui les rendent bouleversants. Le moment de grâce ce soir sera la reprise de Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me, titre phare de Strangeways, Here We Come qui du fait de sa nature déjà très orchestrale ne pouvait manquer à l'appel.


Johnny étant un homme plein de ressources, il viendra audacieusement confronter l'indie rock d'Electronic à l'exercice. Bien que l'effet ne soit pas très pertinent sur Get The Message, on sera absolument convaincus par le traitement offert à Getting Away With It où Johnny entrera quasiment en transe lors d'un solo de guitare merveilleusement rehaussé par l'intensité qu'apportent les instruments à corde, le tout sous un lightshow aux effets presque cosmiques, plongeant la salle dans une atmosphère féérique. L'écran géant situé derrière la scène projette selon les morceaux des vidéos aux allures avant-gardistes, entrecoupées d'extrait de vidéo clips de Johnny, de photos où il pose avec l'ami Barney et un portrait rayonnant d’Andy Rourke, terminant de transformer la vaste salle en grand-messe dédiée au dieu de la guitare. Le public nous le rappellera d'ailleurs en scandant des « Johnny Fucking Marr » dignes des plus gros stades tout au long du concert.

L'heure et demie de ce show exceptionnel nous aura confirmé que Johnny Marr est en lui-même une institution du rock anglais. Sa gentillesse proverbiale ainsi que son monstrueux talent nous font alors fortement espérer un retour en France, peut-être l'an prochain pour promouvoir son Best Of Spirit Power fraîchement sorti dans les bacs. Mais reconnaissons qu'à l'instar de ses comparses ambassadeurs du « son Manchester », ses concerts prennent un tout autre cachet lorsqu'ils se déroulent à la maison, son amour pour sa ville natale rendant les prestations uniques, avec ou sans orchestre symphonique.

Crédit photographies : Pat Graham & Riaz Gomez
setlist
    Armatopia
    Day In Day Out
    New Town Velocity
    How Soon Is Now? (The Smiths cover)
    Get The Message (Electronic cover)
    Rubicon
    Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me (The Smiths cover) Hi Hello
    Somewhere
    Spiral Cities
    Walk Into The Sea
    Please, Please, Please Let Me Get What I Want (The Smiths cover)
    Easy Money
    Getting Away With It (Electronic cover)
    ---
    Panic (The Smiths cover)
    There Is A Light That Never Goes Out (The Smiths cover)
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