En mars 2023, The House Of Love revenait en France pour une tournée faisant suite à la sortie de l'album
A State Of Grace, premier disque studio depuis neuf ans. Le concert donné au Café de la Danse à Paris ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable, notamment en raison d'un son de guitare bien trop en retrait et d'une proéminence de basse et de batterie. On s'était dit que la jeunesse des deux musiciens à ces places ne devait pas y être pour rien. Aussi lorsque survint l'annonce d'une tournée
The Fontana Years, on avait espéré retrouver le House Of Love qu'on avait tant aimé par le passé.
Tout comme le Café de la Danse, le Trabendo affiche complet pour cette dernière date de la tournée européenne du groupe. Le public, principalement composé de cinquantenaires, s'est déplacé en masse pour voir ce groupe qui a toujours été énormément apprécié en France. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il ne fallait pas arriver en retard pour découvrir Alex Nicol au titre de la première partie. A 19h50, le germano-canadien basé à Montréal entre sur scène accompagné de son pote Manu à la basse. Affublé d'un béret rouge, il nous dévoile ses compositions à tendance folk. Les deux compères vont distiller pendant trente minutes sept compositions qui rappellent par moments un peu Damien Jurado et qui chauffent un public déjà bien présent pour cette ouverture.

Une demi-heure plus tard, après avoir entendu notamment Fontaines D.C. ou l'indicatif d'
Amicalement Vôtre par John Barry, c'est sur la musique de
Il était une fois dans l'Ouest que les quatre membres de The House Of Love entrent sur scène. Cette tournée est probablement la conséquence de la sortie par Cherry Red Records du formidable coffret
Burn Down The World reprenant les années passées par le groupe sur le label Fontana entre 1989 et 1993. "Paris, bonsoir" s'exclame Guy Chadwick avant que
Cruel ne vienne débuter le set du groupe. C'est avec ce morceau extrait de
Babe Rainbow que le concert au Café de la Danse avait également débuté. Si le son est meilleur au Trabendo, on constate immédiatement la puissance de la basse et surtout de la batterie qui résonnent dans la salle. Ces deux éléments vont pas mal contrarier notre espoir d'entendre davantage d'arpèges et retrouver l'atmosphère présente dans les albums du groupe de l'époque. Le plaisir d'entendre
In A Room est un peu gâché par sa version très punchy.
Marble, qu'on retrouve sur la magnifique compilation
A Spy In The House Of Love, trouve une place de choix dans la setlist.
Après un début de concert un peu hésitant, la voix de Guy Chadwick se stabilise et est mieux positionnée. On ne dira pas la même chose de ses musiciens. Sur
Hannah, on déplore l'absence de cette finesse qui nous plaisait tant. Alors, inévitablement, le public est ravi d'entendre à nouveau l'hymne
Shine On, et la version de
The Beatles And The Stones fait du bien, car son interprétation est assez posée.
Safe, un des meilleurs morceaux du groupe, est plutôt honnêtement joué, mais les choses vont un peu se gâcher par la suite. Le rythme de
Feel, comme pour d'autres morceaux, est accéléré, ce qui peut surprendre car en vieillissant les groupes ont plutôt tendance à ralentir le tempo.
Into The Tunnel reste un choix curieux, d'autant que ce sera la seule chanson tirée de
Audience With The Mind. Mais c'est surtout la sonorité de celle-ci qui dérange avec notamment cette basse terriblement lourde, quasi métallique. Sur
Girl With Loneliest Eyes ou
Crush Me, ça continue de cogner dur. En conséquence,
Burn Down The World sera le meilleur morceau du concert. Sa puissance et sa maîtrise sont ici du plus bel effet. Cependant, le set va déjà se conclure.
Se dest puis
I Don't Know Why I Love You concluent une heure et cinq minutes de concert. De retour après un bref interlude, les quatre musiciens raviront le public avec trois classiques :
Christine,
Destroy The Heart et
Love In A Car. Etrange final avec trois morceaux qui ne font pas partie de l'ère Fontana.
The House Of Love nous ont donc offert un set assez court (ndlr : une heure et vingt minutes) et assez musclé. On ne fera pas la fine bouche mais on regrettera tout de même que la formation actuelle ait une musicalité bien moins subtile que lors de ces fameuses années Fontana. On aurait aimé entendre
Scratched Inside,
Shake And Crawl ou
Yer Eyes. Ce sera probablement pour la prochaine fois.