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Morrissey

Low In High School

Morrissey - Low In High School
Chronique Album
Date de sortie : 17.11.2017
Label : Etienne Records
3
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 6 novembre 2017
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Un hurlement. C'est ainsi que débute le onzième album solo du légendaire Mancunien Morrissey. Ce cri n'a pourtant rien à voir avec les braillements des mineurs en grève en Angleterre au milieu des années 80 qu'on entend sur l'intro de Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me. Non, celui-ci semble davantage relever de la folie, voire de la damnation. De toute façon, Low In High School n'a vraiment rien à voir avec The Smiths. Morrissey a tourné la page de son groupe mythique depuis belle lurette, même s'il continue à jouer sur scène trois ou quatre de leurs classiques. Alors ce cri, après un premier single, Spent The Day In Bed , catchy mais quand même très pauvre, que ce soit en termes de mélodie et de paroles, serait-il le symbole d'une révolte, d'une agonie, ou d'un ras le bol ? Peut-être un peu des trois à la fois...

Disons-le clairement Low In High School n'a pas l'étoffe de World Peace Is None Of Your Business. Un des problèmes majeurs de cet album réside sans conteste dans la production. My Love I'd Do Anything For You en constitue un parfait exemple. L'entame de l'album est boursouflée. Le son est pesant, gras, on a l'impression de se retrouver au beau milieu d'Origin Of Symmetry de Muse, autant dire que question finesse, on repassera. I Wish You Lonely qui lui ensuit ne nous rassure pas non plus au niveau du son. Si la chanson est plutôt bonne, elle dégouline de synthés années 80 et de guitares métalliques à souhait assommées par une batterie étouffante. Ce son est d'autant plus frustrant que le bientôt soixantenaire chante merveilleusement bien. Mais cette magnifique voix finit par desservir Morrissey lui-même. En effet celle-ci ne suffit plus pour sauver des compositions somme toute bien creuses.
Le disque n'est pourtant pas un naufrage en tant que tel. Jackie's Only Happy When She's Up On The Stage trouve une place de choix sur ce disque. La chanson a pu faire polémique lors de sa présentation à la BBC début octobre quand sur dans le chant du Mozz, après une blague douteuse sur la non élection d'Anne Marie Waters à la tête de UKIP, on a cru percevoir « Everybody is looking for Exit-Brexit » entonné en fin de chanson. Il n'en est en fait rien, Exit restant le seul mot à retenir de ce final.

Ambigu comme toujours, mais surtout politique, déjà par sa pochette, Low In High School permet à Morrissey de critiquer le temps d'un improbable tango (The Girl From Tel-Aviv Who Wouldn't Kneel) l'intérêt des politiques dans le pétrole. C'est aussi pour lui l'occasion de récidiver sur la police, avec laquelle il a d'ailleurs eu des démêlés l'été dernier à Rome. Ganglord ne lui avait pas suffi, il en rajoute une couche bien grasse avec Who Will Protect Us From The Police? au final navrant. In Your Lap aurait pu constituer une bien belle surprise. Mais la chanson digne d'un piano bar s'avère finalement ennuyeuse. On est vraiment loin de Come Back To Camden sur You Are The Quarry. Il en va de même pour Israel, chantée Isra-hell, conclusion martiale du disque mais qui s'avère au final assez peu excitante.

Mais alors que reste-t-il d'autre à retenir de ce nouvel album. Eh bien, avant tout deux chansons totalement opposées. Home Is A Question Mark, d'abord. Possiblement inspirée par l'intro de Kit, inédit enregistré lors des sessions Maladjusted qui a fini par leaker il y a deux ans de cela, ce morceau fait la différence par sa simplicité. La production ne vient heureusement pas l'endommager et Morrissey se la joue parfaitement crooner en citant le film L'enfer avec Guillaume Canet. Les références aux acteurs français restent à l'honneur après Claude Brasseur, il y a onze ans de cela sur At Last I Am Born. Et puis, grand morceau du disque, et pas simplement sur sa durée : I Bury The Living. Ode d'un soldat mort vraisemblablement au combat, Morrissey retrace la vie de ce military servant et narre le désespoir des parents face à la disparition de leur fils. Le Mancunien allant jusqu'à radicalement bouleverser sa chanson dans la dernière partie de celle-ci. Elle semble alors s'apparenter à un chantonnement probablement lié à de la folie d'un des parents sur la perte de leur enfant (« It's funny how the life goes on without our John, la la la la… »), le tout finissant sur des rires, dont on ne sait s'ils sont relatifs à l'expérimentation de l'enregistrement de la chanson par Morrissey et ses musiciens ou s'ils concernent la désespérance folle dans lequel vivent maintenant les parents de ce jeune homme…

Alors, bien évidemment, nous sommes déçus. On a du mal à comprendre pourquoi ce disque a une production aussi boursouflée alors qu'il a été enregistré à la Fabrique de Saint Rémi de Provence et à Rome dans les studios d'Ennio Morricone. L'album nécessite bon nombre d'écoutes pour être apprivoisé. Low In High School, vous l'aurez bien compris, ne fait pas dans l'immédiateté. S'il gagne en intérêt au fil des écoutes il ne figurera toutefois pas au Panthéon des meilleurs disques du charming man. On pourrait même pousser jusqu'à cette intéressante théorie des albums solo de Morrissey sortis les années impaires qui sont pour la plupart les moins réussis de sa carrière solo. Celui-ci n'y échappe pas malgré quelques bons voire très bons moments. Gageons qu'en 2020, l'anglais sortira un nouvel album, ce qui constituera avant tout un très bon signe, même avant de l'avoir écouté.
tracklisting
    01. My Love I'd Do Anything For You
  • 02. I Wish You Lonely
  • 03. Jackie's Only Happy When She's Up On The Stage
  • 04. Home Is A Question Mark
  • 05. Spent The Day In Bed
  • 06. I Bury The Living
  • 07. In Your Lap
  • 08. The Girl From Tel-Aviv Who Wouldn't Kneel
  • 09. All The Young People Must Fall In Love
  • 10. When You Open Your Legs
  • 11. Who Will Protect Us From The Police
  • 12. Israel
titres conseillés
    Jacky's Only Happy When She's Up On The Stage - Home Is A Question Mark - I Bury The Living
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