Electrelane

Il est 21h40 quand le quatuor de Brighton investit la scène de la Cigale afin de faire découvrir à son public quelques uns des morceaux de No Shouts, No Calls, futur album dont la sortie est prévue pour le joli mois de mai. Elles sont en tête d'affiche de cette soirée du mini festival Les Femmes S'en Mêlent, et le public; après avoir patienté pendant les sets de Tender Forever et de Gomm, semble plutôt en joie d'accueillir Verity Susman et ses camarades de jeu. De mémoire et d'expérience, une telle ferveur pour Electrelane, mes yeux et mes oreilles n'avaient encore jamais fait une telle rencontre.

C'est Bells, morceau de Axes, album sorti il y a 2 ans, que le groupe a choisi pour entamer son set, comme une présentation à ceux du public qui ne connaîtraient pas encore les filles. Le concert peut maintenant entrer en matière.
Le premier des morceaux de No Shouts, No Calls à être joué inaugure également l'album. Un Greater Time déjà joué lors de la première partie du concert d'Arcade Fire au mois de mars dernier. La prestation est encore quelque peu frileuse, on sent qu'il ne s'agit que d'une mise en bouche des plus agréables. On sent aussi que l'album à venir signe une rupture (tranquille) avec le précédent Axes et fait place à plus de lumière que ses prédécesseurs. Mia Clarke (guitariste) et Rose Murray (bassiste) reprennent Verity en choeur de leurs voix discrètes et appliquées. On enchaîne directement avec After the Call, et on pénètre dans le rythme propre à Electrelane, bien que moins appuyé et plus maîtrisé, cette alternance entre une fougue rock et un spleen ouaté. Emma Gaze est aussi juste et précise qu'un métronome, et tente de donner l'énergie la plus machinale à chaque coup sur la batterie.

Tout s'enchaîne assez simplement, suit Eight Steps. Le public semble guilleret, un spectateur saute sur l'occasion pour slamer (!) Autant prendre ça comme le signe d'une ambiance assez exceptionnelle pour un concert d'Electrelane, d'où surprise.

Quelques accords plus tard et le groupe entame In Berlin somptueux morceau de spleen, référence au lieu d'enregistrement de l'album. Tout en apesanteur et en mélancolie, les oreilles guidées par la voix de sirène perdue de Verity sur ce morceau. On notera avec regret la persistance de gros crépitement désagréable pendant le morceau, mais les filles n'en ont que faire et achèvent la performance du morceau avec cette grâce particulière qui est la leur. La fin du set sera consacrée à des morceaux d'albums antérieurs : Birds, This Deed, If not now when? et son clavier effréné, Blue Strangler et son beat hypnotique, Long Dark. Le public suit et en redemande.

Les quatre disparaissent avant d'offrir deux titres en rappel : On Parade et I'm On Fire. La formation est apparue ce soir là au mieux de sa forme, attestant de leur joie d'être là par des remerciements en anglais et en français, même si peu de morceaux de leur nouvel album apparaissent dans la setlist finale de ce concert qui aura duré un peu plus d'une heure.