Electrelane

Le Glaz'Art revêt son habit estival pour accueillir, comme chaque année, le temps d'un été, sa plage de sable fin et sa scène éphémère en plein air à l'occasion du festival La Plage. Le temps n'est pas vraiment en adéquation avec le thème puisque nous arrivons Porte de la Villette sous un ciel gris menaçant. Si le sable est mouillé, ce n'est pas par volonté de recréer la marée descendante mais bel et bien à cause des nombreuses averses qui ont ponctué l'après-midi. Reste maintenant à espérer que la météo ne viendra pas écourter le grand retour des filles d'Electrelane.

Pour commencer cette soirée 100% féminine, nous retrouvons le duo français Mensch, déjà aperçu il y a quelques mois au Point Éphémère. Les deux jeunes femmes, à la guitare et à la basse , délivrent un rock brut et dépouillé, à la manière de Sonic Youth. Une attitude statique, un manque de charisme certain mais surtout des compositions souvent gâchées par manque de subtilité, voilà comment nous pourrions résumer cette première partie. En effet, une bande-son pré-enregistrée avec boîtes à rythmes et chœurs retire une certaine spontanéité et honnêteté à leur musique.
Les fins des morceaux sont souvent abruptes et mal pensées. Cependant, comme lors de leur première prestation, nous devinons, derrière les maladresses des débuts, le potentiel de Mensch. On pense parfois à The XX pour l'usage de l'électro mais il manque l'audace et le côté novateur. L'électro, c'est d'ailleurs le principal problème des Françaises : utilisé à mauvais escient, il semble perdre le duo et on lui préférera la touche rock, certes moins trendy mais dans laquelle elles semblent bien plus à l'aise.

 

 

Pour la suite de la soirée, l'amateurisme et la maladresse n'ont aucune place : Electrelane savent de quoi elle causent et comptent bien nous le prouver pour leur grand retour.
Depuis le hiatus de 2007 après dix ans de collaboration, on espérait revoir Verity Susman et ses copines sur le devant de la scène. Là où Mensch peinaient dans l'élaboration de titres krautrock, Electrelane vont ce soir nous donner une véritable leçon de savoir-faire.
Presque cachée sous sa tignasse, Verity fait son apparition et se poste derrière ses claviers tandis que Mia Clarke, tapotant les cordes de sa guitare, adresse au public des sourires coquins. Les quatre filles ont l'air ravies d'être à Paris et les spectateurs sont aux anges quand débute Gone Under Sea et ses paroles en français. Pendant une heure trente, les Anglaises valsent entre leurs quatre albums. Oscillant entre titres instrumentaux et chant déjanté, Verity nous rappelle la belle Nico qu'elle affectionne tant. Aussi à l'aise aux claviers qu'à la guitare, elle se permet même un petit solo free jazz au saxo.

Dans un univers musical policé, Electrelane est une bouffée d'oxygène. Le quatuor livre un set fiévreux : la guitare de la jolie Mia Clarke est malmenée et passe d'une expérimentation sonore à une autre tandis que les lignes de basse de Ros Murray viennent résonner dans notre estomac. L'ambiance est torturée, les compositions habitées par le chant fantomatique de Mlle Susman et ses claviers vintage. Emma Gaze, tout sourire, tape ses fûts de façon quasi métronomique et plus le concert avance, plus les filles partent dans l'improvisation.

 

 

Les spectateurs assistent béats à la messe de leurs prêtresses. Ces dernières s'excusent de ne pas avoir de nouveautés à proposer mais désirent tout de même chanter un inédit au public parisien. On reconnaît alors le Smalltown Boy de Bronski Beat qui retrouve ici une deuxième jeunesse. Le set s'achève sur une dernière reprise, I'm On Fire de Bruce Springsteen.

Même la pluie s'est arrêtée pendant ce concert d'une rare intensité. A quand un prochain album mesdemoiselles ?