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Esser

Paris, Maroquinerie - 3 avril 2008

Live-report par Arth

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Deuxième soirée du Blue Note Festival à la Maroquinerie ce jeudi soir. Pour l'ouvrir : Ben Esser, un jeune londonien accompagné de ses jeunes amis et de son jeune MacBook. Pour la faire briller, Kenna, ce jeune chanteur de Virginia Beach dont le dernier album a été produit par Chad Hugo, éminent membre du groupe N*E*R*D. Une soirée ni blues, ni jazz, ni classique.

Après une petite mésaventure avec son ordinateur, Esser se présente sur scène entouré de son groupe : un batteur et un bassiste. Tout de suite il nous surprend, sautant sur la batterie pour exploser les limites sonores de la salle. Le premier rang a sursauté et sourit, surpris, de quoi bien entamer un concert à vrai dire. Esser a écrit quatre chansons géniales, entêtantes comme celles de Calvin Harris, originales et douces comme celles de Chromeo, mais sans le côté disco house, ce beat binaire qu'on entend depuis un an. Là c'est proche d'un hip hop d'étudiants, d'influences californiennes début 2000, d'une part de Beck aussi, ils osent même introduire l'esprit de la musique russe traditionnelle, sur Satisfied par exemple. Rien à dire, Les chansons sont bonnes (et disponible sur myspace, si ça vous dit...).
Le problème est donc de tenir un concert avec quatre titres. Pas évident. Entre I Love You, Headlock, Satisfied et Let's Work It Out, Ben Esser s'essaye au punk de collégien. Un punk certes juvénile, mais brouillon et décevant comparé aux fameuses quatre chansons. On assiste à deux titres de remplissage, où le MacBook est en veille, où la voix d'Esser est dépassée par le brouillon distordu du duo basse/batterie. Il prend du plaisir mais il est bien le seul. Restons sur les points positifs car malgré tout ce premier concert en France laisse présager un avenir assuré à ce très jeune groupe de Londres, le genre d'avenir qui passe par Radio Nova...

Sa suite : Kenna. Auteur d'un album étrange, Make Sure They See My Face, étrange parce que à la croisée d'un disque de N*E*R*D et d'un disque de Scorpion ... pour le côté larmoyant « i touch the skyyy »... mais laissez moi m'expliquer.
Chad Hugo a fait son boulot, mais Kenna a tenu à garder son envie, celle de faire une musique de stade, avec des gros refrains très pop rock, à la limite extrême du ringard. Mais là où opère le génie d'Hugo, c'est que ces passages bien lourds finalement fonctionnent et donnent envie à tout le monde de lever le bras et de cacher le soleil avec sa main en gueulant comme dans un clip d'Editors.
On voyage ainsi entre des intros de batterie « bonnes » (Loose Wires) et des refrains soutenus par une montée clavier/guitare (je vous avais prévenu) et en bonus un martèlement à la Muse genre « c'est bon! ça vient! ». Ecoutez Out Of Control pour arrêter d'imaginer ou encore Face the Gun. C'est de la musique facile, comme les Killers par exemple, ou comme un single de Vex Red ... mais tout cela n'est pas péjoratif ! En concert le public est étonnamment réceptif, Kenna semble avoir une vraie réputation en France et au moins deux groupies, trois en comptant l'énergumène qui connaissait toutes les paroles par coeur au premier rang.
A 22h09, Kenna nous dit : « j'ai envie que ce soir soit spécial, alors je vais vous chanter une petite chanson que je n'ai pas l'habitude de faire ». Et là il reprend Superstar. Je suis dans le doute pendant plusieurs secondes, je connais la chanson, je connais même les paroles du refrain, mais impossible de retrouver le titre, l'interprète. Là Kenna voit bien que je suis dans la confusion, il me regarde avec compassion et ne trouve pas d'autres idées que d'inviter l'auteur de cette chanson : Lupe Fiasco. Au moment où Monsieur arrive, je pense « MAIS C'EST SUPERSTAR DE LUPE FIASCO ! » puis « PUT*** C'EST LUPE FIASCOOOOOOO ».
Il balance la purée, j'en ai des frissons, le public a changé de comportement. Tout le monde a les bras en l'air, tout le monde crie, c'est Lupe Fiasco à la Maroquinerie. Il restera pour Say Goodbye to Love, le single phare de Kenna, pour un double enthousiasme donc. La complicité entre eux sur scène est tendre. Lupe s'éclipse mais reste au bord de la scène pour bouger sur Sun Red Sky Blue qui clôturera le set. Face à tant d'applaudissements, le groupe reviendra pour un rappel imprévu.

Grosse impression pour Kenna donc. Sa sauce « big stage » a tout pour prendre. Ecoutez Kenna au réveil, Ben Esser dans la rue, Kenna dans le métro, Ben Esser dans la rue et passez une bonne journée.