Radiohead

Après avoir fait la une de la l'actualité ces derniers mois pour diverses raisons à l'intérêt musical plus ou moins avéré, c'est sur la scène du Palais Omnisport de Paris Bercy que Radiohead passaient cette semaine, deux soirs de rang, un test d'envergure du type de ceux auxquels la formation de Thom Yorke est rompue depuis bien des années déjà. Sans surprise, et en dépit d'une mise en route laborieuse, la réussite et la popularité de la formation d'Oxford n'auront pas été démentis.

Plutôt que de mettre en avant l'engagement écologique des anglais, le soutien au Tibet marqué par l'installation sur scène de deux drapeaux, ou la récente polémique née du mode d'attribution des invitations aux omnipotents journalistes français pour ces deux dates, venons-en directement aux faits. Après avoir laissé une impression mitigée le premier soir, Radiohead semble bel et bien avoir tiré les conclusions d'un concert en demi-teinte pour proposer le lendemain un spectacle tout autre avec un certain entrain dont Thom Yorke aura fait preuve toute la soirée, ne manquant pas à plusieurs reprises de venir s'enquérir de la santé des fans englués dans les points chauds de la fosse ou de se laisser aller à une danse désarticulée en fin de soirée sur Idioteque. Certes la communication entre les membres du groupe et le public aura été réduite à son plus simple appareil, mais la communion perçue à certains instants d'un set à la qualité croissante reste indéniable.

Les plus curieux le savent depuis quelques semaines déjà, l'imposante tournée mondiale entreprise par le groupe cette année fait la part belle à un nouvel album, In Rainbows, pourtant accueilli avec quelques réserves lors de sa sortie. Un album ainsi interprété dans sa totalité durant la première moitié du concert, avec une réussite quelque peu discutable. Si les qualités intrinsèques du disque ne sont pas remises en cause, son rendu live dans des salles froides et inhumaines de la taille de Bercy n'est lui pas à la hauteur d'un tel événement. L'ambiance ne semble ainsi décoller que par instant, notamment de par l'insertion d'une poignée de classiques (Airbag, Pyramid Song...), avant de retomber aussi sec au son des All I Need, The Gloaming ou encore Nude. Un phénomène amplifié par de pénibles changements d'instruments d'un titre à l'autre, notamment l'installation/désinstallation systématique d'un simple piano.

Fort heureusement, dès les premières notes d'un Just fédérateur, le groupe semble trouver un nouveau souffle et accélère le rythme. Everything In Its Right Place et un splendide Fake Plastic Trees réconcilient les plus attentistes avec les cinq musiciens avant un dernier Jigsaw Falling Into Place d'excellente facture. L'heure du premier rappel a sonné, et le groupe effectue un retour magistral avec notamment There There et ses percussions, la bside Bangers + Mash durant laquelle Thom Yorke officie derrière une batterie de fortune placée en front de scène, puis The National Anthem et How To Disappear Completely avant de disparaître une seconde fois. Nouvelle volée d'applaudissements... et nouveau retour ! L'occasion d'apprécier l'inédit Super Collider en solo au piano puis d'assister au final parfait avec l'enchaînement de You And Whose Army? avec un Karma Police repris en choeur par le public et un Idioteque survolté.

Tout cela avec, au final, le sentiment d'avoir assisté à un moment privilégié et mémorable aux côtés de Radiohead.