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Mumford And Sons

Paris, Maroquinerie - 21 février 2010

Live-report par Roseline

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Dimanche soir, la Maroquinerie accueillait Tune Yards, Mugison ainsi que Mumford And Sons à l’occasion du festival Super! Mon Amour. Mélange des genres lors de cette soirée haute en couleurs, pour le plus grand plaisir du public qui s’était déplacé en masse à cette occasion.

A 20h tapantes, c’est la pétillante américaine Merrill Garbus qui entre en scène, plus connue sous les traits de Tune Yards. Nate Brenner, bassiste de son état, l’accompagne pour une majorité de chansons, sans toutefois éclipser le jeu de la jeune femme. Timbre haut perché à la Imogen Heap, blues tout en gravité, sons gutturaux, Tune Yards nous fait naviguer dans un univers pimpant et puissant (Gangsta, Hatari). La musique a beau être un brin agressive, elle n’en n’est pas moins festive, grâce à l’habile mélange entre le chant et les instruments, ici un ukulélé et quelques percussions.
Entre les titres, la demoiselle n’oublie pas de discuter avec le public, demandant notamment des suggestions de lieux à visiter dans Paris. Elle pense également à faire participer les spectateurs, en intégrant notamment quelques mots de français dans Party Can. Les fans n’en demandent pas tant pour chanter en cœur et applaudir à s’en décrocher les bras. Ce succès semble surprendre Merrill, et lui donnera un sourire éclatant jusqu’à la fin du concert, quelques quarante cinq minutes plus tard.
La promesse de revenir en avril et la pétillante demoiselle sort de scène, sous les acclamations du public, soufflé par cette prestation audacieuse et énergique.

Il ne faudra pas plus de dix minutes d’attente pour voir le songwriter islandais Mugison faire son entrée. Si Tune Yards aura fait vibrer le public par sa puissance et son originalité, Mugison marquera les esprits par un show comique au possible. Impossible à décrire, il faut l’avoir vécu : micro qui se détache, guitare ayant une « angine », artiste qui tombe littéralement de sa chaise, chanson commencée et arrêtée subitement pour cause de panne d’inspiration… C’est le ratage complet. La faute à la bière qui aura (trop) coulé à flots ?
Quoiqu'il en soit, l’aspect comique du show n’empêche pas de se rendre compte de la force du chant de l’islandais, la voix navigant entre Tom Waits et Julio Iglesias (c’est lui-même qui nous le dira), rock et blues, chuchotements et montée en puissance. En plus d’une demi-heure, accompagné de sa seule guitare et d’un étrange instrument qu’il ne saura utiliser plus de quelques secondes, le chanteur à la voix éraillée aura mis le public à genoux.
En quelques titres, nous saurons tout, ou presque, de la vie personnel de l’islandais. D’une petite amie qui le largue (I Want You) à sa mère, de son appétit sexuel (I'm On Fire) à son penchant pour la bière, Mugison se livre, sans aucune retenue.
C’est certainement cet humour, ce décalage et cette audace qui lui vaudra autant de succès ce soir. Le public est au rendez-vous et participe allègrement à ses chansons, les filles n’hésitant pas une seule seconde à gémir sur Jesus Is A Good Word To Moan lorsque le chanteur le demande. Il est 21h40 lorsque l’artiste sort de scène, sa bière toujours à la main, demandant aux spectateurs d’acheter son album à la sortie du concert, ou tout du moins de le télécharger, gratuitement évidemment.

Une bonne demi-heure plus tard, les tant attendus Mumford And Sons montent sur scène, sous les applaudissements des fans. A les entendre, il semble que ceux-ci soient en grande majorité anglais et que ce ne soit pas leur premier concert. En effet, ça hurle, ça se bouscule et ça chante en cœur, pendant la presque totalité du show. Si en France ils sont encore inconnus, il ne faut pas oublier qu’en Grande-Bretagne, leur premier album Sigh No More connaît un succès considérable.
Les membres du groupe, tous multi-instrumentalistes, naviguent sans efforts entre guitare et batterie, sans oublier un petit détour par la basse et le clavier. Le tout, en chantant, évidemment. Ben Lovett, pianiste officiel du groupe, s’excusera de ne pas parler français, à l’inverse du joueur de banjo Winston Marshall, expliquant qu’il préférait les cours de musique aux cours de français lorsqu’il était étudiant. Winston, bourré d’humour, profitera de sa « supériorité langagière » pour raconter anecdotes cocasses et plaisanteries, au détriment de ses congénères. Marcus Mamford n’étant pas en reste côté humour, explique qu’en parfait gentleman anglais, il ne pleure pas. Qu’on se le dise, c’est la sueur que l’on voit couler sur son visage et non pas la démonstration de sa joie et son émotion.

Roll Away Your Stone, plus communément décrite comme étant la chanson « de la ferme », fera danser les fans, mais également Winston, son banjo à la main. C’est un show festif que nous servent les charmants britanniques, loin de la lenteur de l’album. Les paroles n’ont évidemment pas changé en live, mais l’ambiance, qu’on pouvait s’attendre à trouver légèrement mollassonne et mélancolique, est plus festive qu’on aurait pu croire.
Les titres s’enchainent mais ne se ressemblent pas (vraiment). La folk est toujours présente, mais un peu de noirceur bluesy s’immisce dans certains titres. La voix quelque peu éraillée et essoufflée de Marcus, accompagnée du piano, ajoute un côté sombre au concert (Sigh No More, Dust Bowl Dance). En quelques secondes, l’ambiance change du tout au tout et l’on retombe dans la gaieté et la douceur, avec Little Lion Man ou encore la très attendue The Cave, reprise en cœur par le public.

A bout de souffle, Marcus Mamford et ses musiciens n’interprèteront qu’un seul titre en rappel, Whispers In The Dark, avec, pour changer du clavier, un Ben parfaitement à l’aise à la guitare. L’heure tardive ne permet pas au show de durer plus longtemps. C’est donc à 23h30, après plus de trois heures de musique, que le public se voit gentiment poussé vers la sortie, le sourire aux lèvres. Ce soir, l’amour était bel et bien présent à la Maroquinerie, réchauffant le public en ce dimanche sombre et froid.
setlist
    Sigh No More
    Awake My Soul
    Little Lion Man
    White Blank Page
    Lover Of The Light
    Timshel
    Thistle & Weeds
    Untitled
    The Cave
    Roll Away Your Stone
    Dust Bowl Dance
    -------
    Whispers In The Dark
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