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The Prodigy

Paris, Fête de l'Humanité - 10 septembre 2010

Live-report par Olivier Kalousdian

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Parmi les trois Festivals (ou considérés comme tels) qui ont lieu dans la région Parisienne, la Fête de l’Humanité est de loin le plus rassembleur malgré son éloignement de la capitale (six cent mille personnes ou entrée sont attendues).
Entre Rock en Seine, qui a lieu au domaine national du Parc de Saint-Cloud dans les Hauts de Seine, Solidays accueilli sur l’hippodrome de Longchamp, à la limite des Hauts de Seine, et la Fête de l’Humanité qui a lieu sur un parking de béton généralement occupé par les foires et les salons, tout à côté de la Courneuve à 20 kilomètres de Paris, il se dressait autrefois un fossé sociétal qui semble de plus en plus gommé par un facteur culturel primordial : la programmation, rock avant tout.

Créés sur des fondements sociaux, politiques ou caritatifs auxquels seuls les plus engagés des artistes apportaient leurs soutiens, ces rassemblements sont devenus, ces dernières années, des festivals de musique à part entière et à la programmation hétéroclite (du moins pour Solidays et la Fête de l’Humanité). Après avoir reçu Deep Purple ou The Kooks en 2009, le parti Communiste et son organisation marketing ont réussi à faire déplacer Madness (décidément en première ligne musicalement et vestimentairement parlant depuis deux ans), Simple Minds (dont l’instinct marketing a rejoint celui de Blondie ou de n’importe quel groupe des 80’s en plein retour aux affaires) et, très inattendu pour un tel rassemblement, The Prodigy ! Quand on connaît les penchants anarchistes, pour ne pas dire « artistico terroristes » de ce groupe (Keith Flint, toujours prêt à enflammer ou détruire un monde pour lequel aucune rédemption n’est possible), on se dit que les paroles et la rage de certaines musiques dépassent allégrement les discours d’un parti et les convictions de ses militants.
Que ce soit Solidays (dont on ne dira jamais assez de bien pour les messages colportés et la programmation proposée) et maintenant la Fête de l’Humanité, ces rassemblements, initialement associatifs ou idéologiques, se transforment de plus en plus en festivals de musique d’été de gros calibre. Et quand on sait que la Fête de l’Humanité propose trois jours de concerts pour 19€ (gratuit pour les moins de 15 ans), on ne peut que se réjouir du mélange des genres. Rajoutons à cela la dimension populaire au vrai sens du terme ; la bière est à 1,50 € en moyenne, le Pastis à 1 € et le Whiskey à 2,50 €, on comprend sans mal les motivations des non encartés PC qui viennent fouler les allées de la fête de l’Humanité pendant ces trois jours de musique, pas encore au niveau de ses confrères de l’été, mais trois fois moins cher que ces derniers !

La Fête de l’Humanité a toujours accueilli des pointures tout au long de ses quarante ans d’existence ; Pink Floyd, Leonard Cohen, The Who... excusez du peu ! Des pointures qui chantaient, pensaient et représentaient le combat social et politique au travers de leurs textes ou de leurs prises de positions. Ce combat est toujours présent dans les allées de la Courneuve, s’affichant en grosses lettres sous les stands des fédérations communistes du Poitou ou de Seine Maritime... même « Groland » et son équipe estampillée Canal Plus sont venus supporter la lutte des classes en dépêchant le président Christophe Salengro ! Mais une fois devant la scène, ce combat semble nuancé, gommé par un écran géant (plus grand qu’à Rock en Seine !) distillant des publicités, pas toujours très ciblées, vingt minutes avant chaque concert. Si certaines ont un but caritatif, celles des partenaires de la Fête, comme EDF ou GDF Suez soulèvent les huées et les remontrances de toute la foule agglutinée sur la seule pelouse du lieu. Et ce n’est pas volé ! Passer des affiches du Che Gevara ou des citations de Jean Jaurès à ces messages publicitaires plus que douteux, provoque l’ire de ces jeunes dont la conscience politique n’a pas besoin de carte ou d’appartenance pour se revendiquer.

Il faut dire que l’attente se prolonge et que The Prodigy auraient dû entrer en scène voilà déjà quinze minutes. Une petite indiscrétion m’apprend que l’attachée de presse du groupe fait du zèle et rouspète à la vue du nombre d’invités et de journalistes présents à l’espace VIP. Elle a sûrement oublié qu’elle se trouvait à la Fête de l’Humanité et pas au Main Square ! Sachant que même à « l’espace VIP », une coupe de champagne ne coûte que 4,50€, « Le peuple a soif ! »
Enfin, sur les coups de 22h15, Flint et Liam pénètrent l’arène, vêtus, comme toujours, en boxeurs venant en découdre avec une foule estimée à cinquante mille personnes et maquillés comme des prêtres vaudou en Haïti ! Flint innove encore et toujours et arbore deux crêtes blondes sur le haut de ses tempes... Le diable de l’electro-punk peroxydé en quelque sorte ! Alors que les magiciens du big beat démarrent leur set par Wolrd's On Fire, deux gros fumigènes à main s’allument a trente centimètres de moi, volontairement perdu dans une foule ultra compacte… Après avoir mis le feu au Parc de Saint-Cloud en 2009 en clôture de Rock en Seine, voilà qu’ils le rallument en Seine Saint Denis. C’est Joey Star et Nicolas Sarkozy qui vont être contents !

Ici pas de gobelets en plastique consignés mais de vraies bouteilles en verre ; pas de tris sélectifs non plus mais des monceaux de détritus qui s’entassent dans les allées et sur les pelouses et qui en disent long sur l’état d’alcoolémie général de la foule qui saute à pied joints au son des Prodigy. Malgré une ambiance infernale, des crash barrières bientôt vidées de leurs photographes, au fin fond de l’espace de la Grande Scène dont les rebords forment un cuvette salvatrices pour les plus petits ou les plus craintifs, Flint est en -essous de son potentiel et Liam semble faire cavalier seul en cette fraîche soirée de septembre. Ceci est peut-être lié à une saison de concerts plus que soutenue ; l’hiver est bientôt là et la Fête de l’Humanité sonnera le glas des concerts en plein air qui défilent aux quatre coins des Festivals de France, Marsatac mis à part. Pour l’instant, les torses sont nus et le feu gagne du terrain et les esprits à chaque nouveau titre du groupe...

Il nous faudra pas moins de trente minutes pour pouvoir sortir de cette foule captivée et regagner des parking plus remplis qu’à Cap Canaveral un soir de lancement ! Je pense aux campeurs installés entre la rue et les parkings dans cette nuit humide et je presse le pas...
setlist
    World's On Fire
    Breathe
    Omen
    Poison
    Thunder (Dubstep)
    Colours
    Warrior's Dance
    Firestarter
    Run With the Wolves
    Voodoo People
    Omen (Reprise)
    Invaders Must Die
    Diesel Power
    Smack My Bitch Up
    ---- Take Me to the Hospital
    Their Law
    Out Of Space
photos du concert
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