The Prodigy

Il aura fallu 7 ans à Prodigy pour ressortir un album, mais pas complètement 7 ans de réflexions non plus. Leur précédent album a été un tel succès qu'il a traîné ses auteurs trois ans durant aux quatre coins de la planète pour jouer Firestarter, Smack My Bitch Up ou Breathe. Lessivé et épuisé, Liam Howlett perd en route les autres membres du groupe, mais qu'importe, c'est lui le Prodigy.

Malheureusement cette solitude s'entend. Prodigy c'est de la musique punk dans l'âme et electro dans la forme. Pas question d'état d'âme comme les chanteurs crooners ou les groupes pop, les garçons ça ne pleure pas. Liam fait donc tout pour faire oublier sa solitude, collaborations à gogo d'abord : l'actrice Juliette Lewis, vue dans Tueurs nés, Starski & Hutch ou Blueberry, chante sur deux titres, Liam Gallagher s'y colle sur le titre de cloture. Et puis il y a aussi le titre de l'album, "toujours dépassé par l'ennemi, jamais désarmé", tel une maxime ou une prière pour déjouer le sort.

Mais rien n'y fait, Liam a de très bonnes idées, mais pas assez pour faire un très bon album tout seul. Les boucles imparables se mélangent donc avec d'autres plus convenues voire archi-usées à base de sons ethniques. A la fois géniale et limitée, la noirceur futuriste de cet album me rappelle finalement les groupes electro gothiques allemands des années 90 ou la bande son de jeux vidéos tendance shoot'hem up dans le cyberworld, pas vraiment des compliments.

Cet album s'adresse plutôt à ceux qui ont l'esprit joueur, version PS2/X-box pour l'atmosphère ou rock érudit pour le respect qu'inspirera toujours Prodigy, ainsi que pour les 3 points communs avec le Scorpio Rising de Death In Vegas : le deuxième titre s'appelle Girls, une collaboration avec un frère Gallagher et l'ambiance electro sombre.

Au final, un album ni vraiment bon ni vraiment mauvais, ce qui pour un groupe qui n'a rien sorti depuis 7 ans et qui n'a jamais versé dans le compromis est forcément décevant. Sa sortie très médiatisée aura au moins le mérite de faire remettre (les anciens) Prodigy sur les platines.