Si le nouvel album de Metronomy, le premier depuis le départ de Gabriel Stebbing et les arrivées conjuguées de Gbenga Adelekan et Anna Prior, ne sera disponible que le 11 avril prochain, voici déjà plusieurs mois que le quatuor de Londres s'applique à reprendre sa marche en avant. Après une prestation au 104 au novembre dernier puis une première partie de Gossip au Palais Omnisport de Paris Bercy quelques semaines plus tard, c'était à la Boule Noire que les londoniens se voyaient invités cette semaine par la plateforme de musique en ligne Spotify.
A 20h30, alors que le concert est supposé débuter trente minutes plus tard, ce ne sont qu'une petite vingtaine de courageux que l'on dénombre sur le trottoir du Boulevard de Rochechouard. Dans la salle, le constat est identique alors que trois caméramans ont d'ores et déjà pris place en vue de la diffusion du concert en direct sur Internet.
Vraisemblablement prévenu des horaires, le public intégralement constitué d'invités triés sur le volet ne fait son apparition que quelques minutes avant l'extinction des lumières de la salle, voire même en retard à la vue du remplissage des lieux à l'issue de la prestation. En résulte ainsi une atmosphère étrange dans un premier temps : avec des jeux de lumières minimalistes mettant en valeur les lampes blanches accrochées sur le torse de chacun des membres du groupe, le public s'avère attentiste et curieux alors que le groupe se montre moins relaxé et ouvert à la communication qu'à son habitude.

La véritable surprise de cette entame réside pourtant dans le choix opéré par le quatuor pour la setlist du soir. Dans un premier temps, c'est un enchaînement ininterrompu de nouvelles compositions que le public découvre avec méfiance. Si la petite troupe fait preuve d'une application certaine, la réaction de la salle est difficilement à la hauteur des espérances. Le fait que l'électronique à tendance rétro pilotée par Oscar Cash paraisse plus mystérieuse et posée qu'à l'accoutumée en serait-elle la raison ?
Trop peu rythmés,
We Broke Free et
The Look manquent leur cible avant que
She Wants et sa ligne de basse inquiétante ne provoquent un début de réaction trop rapidement enrayé par le décevant
Corinne. Passé ce faux départ, le rythme du concert s'accélère brusquement avec l'entêtant
Love Underlined durant lequel la batterie d'Anna Prior dynamise enfin les troupes avant que les nombreuses chansons extraites de l'album
Nights Out ne reprennent leurs droits.
Les fans n'ont à l'évidence pas été conviés ce soir mais l'arrivée des compositions emblématiques de Metronomy entraine un changement d'ambiance. Les premiers rangs, souvent statiques depuis le début de la soirée, se laissent plus facilement aller aux sons de
My Heart Rate Rapid, explosif ce soir,
Holiday ou
Heartbreaker. Sans doute rassuré par l'éveil progressif de la foule, le groupe, par l'intermédiaire de son leader Joseph Mount, s'efforce alors à nouer le contact à plusieurs reprises sans que le rythme du concert ne faiblisse à aucun moment. La fin du set des anglais monte au contraire progressivement en puissance avec
On Dancefloors, la traditionnelle clôture que constitue
Radio Ladio et un défouloir final à travers
You Could Easily Have Me dont l'esprit punk tranche avec l'électronique caractéristique du répertoire de la formation.

Encore en rodage face à un public qui n'était pas le leur, Metronomy n'ont pas démérité ce soir. Si certains titres inédits introduits ont pu décevoir au premier abord, d'autres se sont avérés tout aussi prenants que leurs prédécesseurs. De là à penser que le succès sera à nouveau au rendez-vous au printemps prochain, il n'y a qu'un pas !