The Veils

Après le très salué Sun Gangs, dernier album en date pour le groupe, Finn Andrews est reparti vers sa chère Nouvelle-Zélande pour puiser l'inspiration salvatrice permettant à ce nouvel EP d'explorer des facettes artistiques encore inexplorées jusqu'alors.
Finies les productions made in Rough Trade Records (distribuant notamment Arcade Fire, Belle & Sebastian ou encore Albert Hammond Strokes Jr), l'heure est au self-made music; l'homme au chapeau a décidé de créer son propre label, Pitch Beast Records et d'enregistrer dans son propre studio pour enfin réussir à saisir toutes les subtilités de la musique et des créations de The Veils. Pour se faire aider, Andrews a ici fait appel au producteur Bernard Butler (Suede, The Libertines) et le moins qu'on puisse dire, c'est que ces quelques compositions tranchent avec ce que le groupe nous avait livré dans ses albums précédents.

Finn nous délivre un mini album en deux temps, débutant par trois titres pêchus pour terminer par quelque chose de plus introspectif.
La mélodie basique du début de Bloom décolle peu à peu pour prendre son ampleur; la voix se pose sur des guitares toujours plus nombreuses. Le ton est donné. Même si des morceaux comme The Stars Came Out Once The Lights Went Out sont plus faibles et moins accrocheurs (notamment à cause d'un fade out frustrant ayant un goût d'inachevé), l'ensemble est relevé par des moments de pure réussite, à l'image du très 70s Don't Let The Same Bee Sting Out Twice. Le trémolo en moins, Finn empreinte à Marc Bolan des mélodies entrainantes, une guitare bluesy et des percussions réduites à leur minimum, des contre-voix affirmées; on ferme les yeux pour se retrouver en 1971, à la sortie d'Electric Warrior et ce titre vient nous rappeler Planet Queen et son « Well it's all right, love is what you want, flying saucer take me away! » .

La transition s'effectue autour du majestueux The Wishbone sur lequel les claps et la batterie viennent apporter une intensité inquiétante. Les guitares se font menaçantes et l'ambiance apocalyptique pour finalement permettre à la seconde partie de cet EP de se placer dans la douceur.
Le second souffle de Troubles Of The Brain nous emmène vers les vastes étendues verdoyantes de Nouvelle-Zélande, là où le temps semble en suspens et se prête à la mélancolie, à l'introspection. Les orchestrations se font minimalistes pour que l'on puisse profiter pleinement de la maîtrise vocale dont fait preuve Finn Andrews, tout en fragilité et en douceur. Il semble que son talent de songwriter se soit encore amélioré et soit ainsi plus mis en valeur, permettant aux compositions de passer à un cap supérieur et de se dérouler délicieusement au gré d'un brin de voix presque susurré (Iodine And Iron).

Encore une fois, The Veils déjouent les clichés pour livrer un rock lyrique, sur le fil du rasoir, mais toujours dans la finesse. Ils s'essaient également à un son plus folk et épuré qui leur sied à ravir. Décidément, Finn Andrews semble de plus en plus maîtriser ses compositions avec le temps et tout ce qu'il entreprend lui réussit !