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The Veils

Paris, Café de la Danse - 26 avril 2014

Live-report par Johan

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Clap de fin pour l'édition 2014 du festival Clap Your Hands en ce samedi 26 avril. The Veils, dont c'est d'ailleurs la dernière date en Europe, ont la lourde tâche de conclure un festival qui, pour sa quatrième édition, aura tout de même vu passer Micky Green et Chris Garneau. Un challenge remporté haut la main par le quintet originaire de Nouvelle-Zélande, apprécié à sa juste valeur par le public du Café de la Danse, éclectique et envoûté, autant debout dans la petite fosse qu'assis sur les sièges de la salle.

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In The Canopy, parfaite première partie pour The Veils, révèle sa musique aux spectateurs venus majoritairement pour ces derniers. Le quintet parisien commence à se faire une belle renommée via la radio et un bon nombre de performances scéniques, notamment à Paris où l'on a pu les croiser au Bus Palladium ou encore au Divan du Monde.
Les cinq musiciens emmènent ainsi l'audience avec eux, à travers un rock dynamique où solos de guitare croisent coups de batterie vigoureux et nappes de synthé dansantes. Joachim Müllner alterne entre un chant puissant et une voix de tête assez folle, emmenant les compositions dans des contrées attrayantes, notamment sur Crystal Ball et, surtout, la percutante Never Return tirée de leur premier EP sorti en 2012.

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A 21h font leur entrée sur scène les tant attendus The Veils qui, depuis maintenant dix ans et leur premier album The Runaway Found qui les aussitôt révélés, n'ont cessé d'émerveiller.
Le show démarre sur les chapeaux de roues avec Train With No Name, tiré de leur dernier album paru il y a quasiment un an, Time Stays, We Go. Dès les premiers mots, on retrouve avec bonheur la voix égratignée de Finn Andrews qui ne cessera de marquer tout au long de ces soixante-quinze minutes. Le riff de guitare répète la mélodie addictive du titre avant de terminer dans une reverb du plus bel effet, accompagnée des coups de batterie effrénés de Raife Burchell.
La foule est définitivement réveillée lorsque retentissent ensuite les premières notes de piano magiques de Calliope!, issue de leur grand second album Nux Vomica, malmenant en fin de course la mélodie à la guitare, dissonante et saisissante. Puis vient Birds, « a song about the comparative size of... hum... brains » comme l'introduit le leader au chapeau, emmenée également par la voix écorchée et poignante de celui-ci et des notes de piano captivantes d'Uberto Rapisardi.

Seconde composition de Nux Vomica et pas des moindres, Not Yet est la première vraie claque du concert. Déjà intense sur disque, elle est une des compositions du groupe qui dévoile tout leur potentiel en live. Car c'est là où la formation anglaise est la plus douée, ce qui nous fait adorer ce groupe comme peu d'autres : ils parviennent à constituer une tension au sein d'un titre, progressant peu à peu jusqu'à exploser sur la dernière minute, le chant écorché et de plus en plus déchainé en fusion avec les coups de batterie puissants ainsi que la dissonance et la réverb de l'électricité.

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Troisième titre tiré de leur second opus, Pan vient plus loin enfoncer le clou, doté de son final hypnotisant durant lequel Finn clame en boucle « You are nothing but a child ». Nux Vomica finit enfin par détruire carrément le marteau et convaincre que le second album est décidément leur meilleur à ce jour – et la chanson titre probablement leur meilleure composition à tout point de vue, musical comme des paroles. Une tension aussi palpable, autant dans le chant que les arrangements, est rarement atteinte à ce point en live. Chaque seconde est précieuse, montant crescendo dans un capharnaüm maitrisé et jouissif qui, sur les dernières secondes, voit Finn Andrews hurlant de tout son soûl et grattant sa guitare comme un forcené pendant que les coups de batterie militaires achèvent ces cinq minutes absolument captivantes.
Entre-temps sont distillés quelques chansons issues de leur dernier album, dont les plus posées Sign Of You Love et Out From the Valley & Into the Stars, tandis que Turn From The Rain affirme, elle, sa pop énergique durant laquelle l'ombre de la discrète bassiste Sophia Burn plane joliment au-dessus du groupe, sur le mur en pierres derrière la scène, projetée via une des lumières placée au sol. Throught The Deep, Dark Wood exhibe ensuite sa tension exaltée, où le chant de Finn Andrews se fait plus virulent et perçant et la rythmique débridée.

Finn Andrews, justement, accompagné de sa guitare acoustique, revient sur le rappel pour deux chansons, dont une Lavinia qui, dès ses premiers accords, reçoit les acclamations du public. Second single tiré de leur premier opus The Runaway Found, Lavinia prouve que le groupe savait et sait toujours y faire dans la folk, parcourant de frissons l'audience le temps de trop courtes minutes.
« Can we do one more ? », demande poliment Finn Andrews. Certainement posée à la régie, l'audience répond à sa place d'applaudissements et cris approbateurs. Les quatre autres musiciens reviennent alors sur scène pour jouer Jesus For The Jugular, histoire d'interpréter les trois titres les plus ambitieux de Nux Vomica, voire même de la discographie complète du groupe. Le blues rock dévastateur du titre conclut une performance mémorable de la part d'un groupe qui aura su rester constant et fidèle à leur musique – hormis le léger écart avec le moins indispensable troisième album Sun Gangs.
Alternant ainsi principalement entre Nux Vomica et Time Stays, We Go, comme si Sun Gangs n'avait jamais existé, The Veils ont clairement fait le bon choix, tirant parti du meilleur de leurs deux albums majeurs dans une discographie encore restreinte mais véritablement forte, et faisant en conséquence plaisir aux fans qui les suivent depuis leurs débuts.