The Veils

A l’heure où la coutume est plutôt de sortir des disques à des distances de temps très rapprochées, The Veils, groupe londonien emmené par son charismatique chanteur néo-zélandais – et fils d’un des membres de XTC, Finn Andrews – a décidé de prendre son temps. Et pour cause, c’est quatre ans après Sun Gangs, paru en 2009, que sort enfin son quatrième album Time Stays, We Go. Entre temps, le quintette a connu bien des histoires : une tournée qui l’a entraîné longtemps sur la route et un changement de label ; exit Rougt Trade, bienvenue Pitch Beast Records, sa propre maison de disques.

Plus rock que son prédécesseur, ce nouveau disque enregistré par Finn Andrews lui-même et Adam Greenspan, et mixé par Bill Price (The Clash, Jesus & Mary Chain), remet un bon coup de pied dans la pop, dépoussiérant ainsi le songwriting inerte de biens des formations anglaises contemporaines. Dès le premier titre, Throught The Deep, Dark Wood, Finn Andrews et ses camarades divulguent une mélodie qui caresse dans le sens du poil, avec ce qu’il faut d’énergie, de vigueur et de style pour séduire l’auditeur en un rien de temps.
Une ambiance empruntée à Ennio Morricone prévaut aussi sur de nombreuses plages, comme sur Birds, qui trouverait largement sa place dans les B.O. des films de Tarantino. Le groupe dessine et choie cette atmosphère par des voix réverbérés, de judicieux trémolos dans les guitares, des batteries qui jouent les chevauchées épiques (Dancing With The Tornado), des basses huilées et des arrangements de piano et d’orgue saisissants la plupart du temps.

Diversifiées dans leurs tempos, mélodies, voix emportées, contrastes et reliefs, les chansons sont assez fluctuantes pour s’écouter d’une oreille intéressée : de la ballade mystérieuse Candy Apple Red au gimmick rock et au rythme effréné de Train With No Name, où la voix doucement éraillée de Finn Andrews hérissent les poils, en passant par le refrain prenant de Sign Of Your Love ou les cuivres chaleureux du tubesque Turn From The Rain, le groupe distille un large panel d’émotions (Out From The Valley & Into The Stars), confirmant qu’il est aussi maître dans l’art de la pop-song purement british avec l’élégante Another Night On Earth.

Le temps, la mort, l’amour... The Veils parlent de sujets universels à travers un voyage plutôt situé au cœur de l’ouest americain qu’au sud-est de l’Angleterre. Un régal.