Ulrika Spacek

C'est avec une certaine surprise que nous apprenions en mars la sortie d'un EP de cinq titres d'Ulrika Spacek à l'occasion du Record Store Day, qui se déroulait samedi dernier. En effet, les conditions dans lequel le dernier concert du groupe s'était déroulé fin novembre de l'année dernière nous laissait imaginer que l'avenir du quintet était très incertain. Mais il n'en est rien puisque c'est une poignée d'inédits que le groupe vient de nous livrer en version vinyle uniquement.

Le disque paru à 1000 exemplaires (500 avec une pochette bleue, 500 avec une pochette jaune) intitulé Suggestive Listening EP arbore une pochette écrite partiellement en français, laquelle présente diverses informations sur les transistors de puissance pour émission hyperfréquences moyennes puissances. Pas certain que ce soit vraiment très utile pour l'auditeur, en tout cas le disque débute avec un semi-loupé de guitare légèrement interloquant. Est-ce un clin d'œil au concert mentionné auparavant ? Il faudra se renseigner. Quoiqu'il en soit, et c'est bien là l'essentiel, à l'exception de cette petite fantaisie, l'ensemble du disque est de très bonne facture.

No. 1 Hum sonne très... Ulrika Spacek. Ce son de guitare cristallin, cette basse et cette batterie claire sur laquelle Rhys Edwards vient poser sa voix nous replonge immédiatement dans l'incandescence de Modern English Decoration et ses compositions hypnotiques. Black Mould est davantage downtempo. Son rythme est beaucoup plus ralenti, le son peut-être plus aérien, et peut évoquer les américains de Real Estate. Freudian Slip lorgne quant à lui davantage vers le krautrock seventies, ce qui n'est d'ailleurs nullement contradictoire avec l'essence même du groupe.
Peut-être le résultat est-il simplement plus posé, moins expérimental, même si certaines sonorités s'avèrent ici encore bien distordues. Lord Luck sonne davantage Radiohead, première époque. La voix d'Edwards n'y étant probablement pas complétement étrangère. Le disque se conclut avec un autre morceau délicat, démontrant une fois encore toutes les qualités d'écriture de ce groupe vraiment trop sous-estimé.

Ulrika Spacek nous rassurent donc complétement sur leur avenir avec cet EP de toute beauté. Les fans du groupe doivent impérativement se ruer dessus. Quant aux autres, je les invite à découvrir au plus vite ce groupe qui se produira à Paris dans le cadre du Beau Festival au Trabendo avec Deerhoof le 12 mai. Qu'on se le dise !