Mewn

Tiercé parfait pour le quintet de Manchester ! Après deux EPs qui nous avaient touchés, Mewn livrent le dernier volet d'une trilogie toute en tension et en émotions.

La production est sans fioriture, mais les différentes parties se répondent tellement naturellement qu'il y a quelque chose d'ample et de symphonique dans les chansons. La guitare et le synthé développent des mélodies ciselées qui prennent aux tripes, la basse et la batterie précises comme un métronome évoquent le temps qui passe implacablement et la puissance de la nature incontrôlable.

Le chant est mélancolique et nostalgique, emprunt de romantisme torturé rappelant les poètes du XIXème siècle ou le rock lyrique d'And Also The Trees, Swell ou Mercury Rev. Il était temps que ce style trouve une relève. Mewn se font une place auprès des groupes à l'écriture irréprochable, entre King Hannah et Black Country, New Road : avec ces derniers, ils ont aussi en commun de s'affranchir du format pop de trois minutes et trente secondes, n'hésitant pas à dépasser les cinq voire sept minutes si la chanson l'exige (et il s'y passe suffisamment de choses pour ne jamais s'y ennuyer).


Daniel Bluer, le chanteur, dit flotter au-dessus du chaos, un spectateur qui essaie de se faire impassible. Ce spleen ne pousse ni à la dépression, ni à la colère. Au-delà de la résilience, il y a quelque chose d'optimiste dans leur musique, une lumière qui perce à travers les nuages. Tout comme sur certains morceaux de Radiohead, leur musique est en fait tellement triste qu'elle rend heureux.

Il se passe décidément à nouveau des choses intéressantes à Manchester qui voit d'autres groupes très prometteurs (TTSSFU, Nightbus...) plus très loin d'être prêts pour un premier album. Espérons les voir traverser la Manche bientôt pour venir défendre leur musique et nous présenter la manière si particulière qu'a Rachel Bell de jouer de la guitare avec un tournevis.