Delays

"We wanna be the perfect pop-band."

Cette phrase, attribuée au chanteur-guitariste des Delays Greg Gilbert, peut servir de parfait résumé à ce Faded Seaside Glamour, peut-être pas encore pour lui donner entièrement raison (même si lui et son groupe ont, sans nul doute, prit effectivement le bon chemin pour cela !) mais en tout cas pour se rendre compte de l'énorme ambition de ce premier album. En effet, à la première écoute, on peut même se sentir un peu dérouté et submergé par les douze chansons de cet album. Et pourtant...

Dès le premier morceau Wanderlust, on est frappé par la production pour le moins touffue qui accompagne l'exceptionnelle voix haut perchée et quasi-féminine de Greg. Mais, à l'image des "You don't listen !" d'avertissement que l'on entend dans ce premier morceau, on se rend compte effectivement, que l'essentiel n'est pas là et que derrière ces nombreux effets se cache finalement une pop simple et lumineuse.
Long Time Coming et surtout Nearer Than Heaven (les singles attitrés) sont là pour nous le prouver! Mélodies entraînantes, refrains entêtants et les Delays nous apparaissent finalement comme les dignes successeurs 2004 des meilleurs albums pop sortis l'année dernière (The Thrills et The Sleepy Jackson pour ne citer qu'eux) avec quand même un certains classicisme personnel en plus.
Bedroom Scene, l'immédiate One Night Away ou l'envoûtante Satellites Lost, les exemples ne manquent pas pour démontrer l'exceptionnelle qualité mélodique de ce groupe.

Mais quand le rythme se fait plus calme, les Delays font aussi merveille à l'image du poignant No Ending (peut-être la plus belle chanson de cet album) ou du très mélancolique There's Water Here (qui nous rappelle franchement les meilleurs inspirations de Mark Greaney, leader en chef de JJ72). La prédominance de pop "classique" n'empêche pas quelques surprises comme ce Stay Where You Are à la rythmique cassée ou ce tourbillonnant On qui clôture l'album à la manière d'un gospel électro-pop du plus bel effet. Seuls quelques morceaux marquent un peu le pas et apparaissent un peu "faciles" par rapport aux perles citées précédemment à l'image de You Wear The Sun (un peu trop sirupeux) ou de Hey Girl (premier single anglais un peu plat).

Attention donc, à l'image par exemple des albums magnifiques mais complexes de Mercury Rev, il faut vraiment plusieurs écoutes attentives pour découvrir et apprécier entièrement la multitude de petites perles dispersées au sein de ce Faded Seaside Glamour. Mais le jeu en vaut la chandelle et il serait vraiment dommage de passer à coté ce formidable album de pop sincère et lumineuse.
Et finalement le plus grand atout des Delays n'est pas d'avoir sorti le premier album "parfait" en ce début d'année 2004 mais bien d'avoir la très louable ambition de vouloir le faire...