Pete And The Pirates

Le second album a beau être une étape cruciale pour la survie d'un groupe, il n'empêche que le premier est tout de même la plus marquante. C'est ce premier album qui détermine si oui ou non le groupe sera important, si oui ou non il apportera quelque chose à la musique dans le style abordé.
Après plus d'un an de présence médiatique, Pete and the Pirates n'ont pas encore définitivement accroché une étiquette à leurs costumes de scène. Alors que le EP Wait Stop Begin en 2006 laissait entrevoir pour la suite un album de folk désarticulé, Knots arborait plus loin un rock primaire et perçant. En attendant cette petite mort, Pete and The Pirates semblaient donc avoir deux alternatives.

On pouvait en premier lieu s'attendre à un album rigoureux comme l'étaient les compositions de Wait Stop Begin, emprunt d'une électricité rêche et de voix lumineuses mais, vraisemblablement égarée en cours d'enregistrement, cette folk s'estompe ici lentement au profit d'instrumentations et choeurs convulsifs emmenés par les deux Peter du groupe, l'un bassiste l'autre guitariste, pour au final se concentrer uniquement sur Humming, pure et modeste plage acoustique errant en plein milieu d'album.
Éclatants, des titres comme Song For Today et Moving ne s'embarrassent pas avec des arrangements alambiqués et vont droit à l'essentiel. À la fois limpides et en vrac, ils dérivent vers une pop bienveillante, à l'image de She Doesn't Belong To Me qui figurait à l'origine sur l'album de Tap Tap – second groupe du chanteur Tom Sanders – avant de se retrouver sur Wait Stop Begin puis Little Death où il reprend progressivement des forces et de l'ampleur.

D'une autre part, suite au single Knots, on voyait en cet album un petit frère au Think Before You Speak des Good Shoes. Même rythmique, même sonorités, même énergie. Le chant cristallin de Sanders vient seul différencier son groupe d'un autre et, probablement parce que c'est le seul instrument dont il use, fait montre d'un talent certain lorsqu'il daigne s'échapper dans les aigus comme sur Moving.
Mr Understanding, le single qui aura précédé Little Death, renforce l'idée d'un album percutant, voire même grossier. Second refrain à scander follement façon Kaiser Chiefs, ce sera aussi le dernier car le groupe perd de sa rugosité ce qu'il gagne en expérimentation. Plus élaborées qu'elles en ont l'air, les chansons de ce disque contournent la facilité pour étoffer un indie rock gentiment dissipé.

Après nous avoir menés en bateau sur deux premiers efforts mouvants, Pete and the Pirates ont ainsi opté pour la voie de secours, celle étriquée et indépendante des Young Knives, instable mais tellement excitante. Pas de naufrage donc, mais treize explosions minimes qui font de ce debut album des préliminaires parfaits pour cette déroutante entrée en 2008.