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Stereolab

Chemical Chords

Stereolab - Chemical Chords
Chronique Album
Date de sortie : 18.08.2008
Label : Too Pure/Beggars France
4
Rédigé par Chloé Thomas, le 13 août 2008
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Première partie d'un dyptique dont l'autre moitié doit sortir dans les prochains mois, le nouvel opus de Stereolab est à la fois dans la continuité des précédents, et sait éviter la répétition. C'est donc un plaisir d'écouter les franco-anglais poursuivre avec constance leurs explorations pop, tout en finesse et en discrétion.

Pop, cet album l'est, peut-être plus que ce que le groupe a produit jusqu'ici. Il est caractérisé par une légèreté, dans les timbres du clavier, dans la voix cristalline de Laetitia Sadier, dans les inévitables " tadada " des choeurs; légèreté qui aboutit à une joie douce, tout en retenue, et qui cache une insondable mélancolie. Aucune explosion de bonheur, aucun débordement ici; si parfois des cuivres, des violons interviennent, comme sur The Ecstatic Static ou Cellulose Sunshine, ils ne sont jamais traités de manière symphonique et pompière; au contraire, loin des orchestrations d'Arcade Fire (au hasard), ils ne font qu'assurer timidement mais sûrement une ligne mélodique qui se fond dans une composition soignée.

" There's nothing to be sad about ", entend-on sur le premier titre, Neon Banbag. Pourtant, si le joyeux n'est pas forcé, la mélodie posément entraînante invite à la nostalgie, par le parfum d'enfance qui s'en dégage. En effet, si la maturation du groupe et du disque est certaine, et s'entend dans la sagesse des compositions extrêmement bien structurées et pensées, il y a toujours, dans les chansons, quelque chose d'enfantin. Sadier se comporte en conteuse autant qu'en chanteuse; narrative, elle sait trouver le ton juste pour mettre en valeur ses paroles, comme sur cette One Finger Symphony où la musique se fait descriptive pour accompagner un récit simplissime. Mais la chanson (comme d'ailleurs beaucoup d'autres sur l'album) s'arrête brutalement, comme si l'on voulait nous priver de la fin de l'histoire, ou nous mettre devant l'irréalité du monde puéril dans lequel on s'est laissé joyeusement entraînés. Ces fins abruptes que le groupe cultive sont comme autant de bulles de savon chatoyantes qui explosent en vol, nous laissant coi et impuissant.

Parfois, l'album va voir du côté du pur rock (ce début de Three Women, qui rappelle tant de choses en rock anglais actuel), parfois il prend le temps de s'essayer à l'électro (l'instrumental Molecular Pop, construit en intrication de motifs artificiels, donne un exercice de style réussi); parfois encore ce sont des clins d'oeils appuyés au jazz vocal, dans le rythme, le timbre, l'harmonie (Daisy Click Clack, cosy et entraînant, où une voix chaude et redescendue de ses hauteurs invite à claquer des doigts). Mais l'album conserve une indéniable unité pop, une couleur particulière – un chromatisme étudié.

Chemical Chords est un album harmonique, qui s'écoute facilement; il se trouvera sans doute des gens pour le trouver, à cause de sa simplicité même, poseur ou, honte suprême, bobo: ne se fondrait-il pas bien dans un sage et branché décor Ikéa? Cependant, la discrétion des chansons de Stereolab, qui fait qu'elles ne choquent jamais ni le coeur ni la tête, tient peut-être plus de l'humilité que de la pose. Surtout, elle se double d'une subtilité et d'une intelligence certaines, qui donnent à ces accords chimiques une profondeur et une richesse de tons qui valent d'être explorées. C'est une pop en demi-teinte, point trop sucrée ni trop légère.
tracklisting
    01. Neon Banbag
  • 02. Three Women
  • 03. One Finger Symphony
  • 04. Chemical Chords
  • 05. The Ecstatic Static
  • 06. Valley HI
  • 07. Silver Sands
  • 08. Molecular Pop
  • 09. Self Portrait With Electric Brain
  • 10. Nous Vous Demandons Pardon
  • 11. Cellulose Sunshine
  • 12. Fractal Dream Of A Thing
  • 13. Daisy Click Clack
  • 14. Vortical Phonoteque
titres conseillés
    Neon Banbag, Valley Hi, Daisy Click Clack
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