logo SOV

Marianne Faithfull

Easy Come, Easy Go

Marianne Faithfull - Easy Come, Easy Go
Chronique Album
Date de sortie : 17.11.2008
Label : Naïve
4
Rédigé par Chloé Thomas, le 25 décembre 2008
Bookmark and Share
Eighteen songs for music lovers: au sous-titre, on se dit que ce disque fait un peu compile de Noël, une compile de goût aux titres choisis et à la production luxueuse; le cadeau idéal pour le grand-oncle lecteur de Télérama. Mais accuser l'album de flatter le snobisme des quinquas bobos serait encore plus snob; car on ne peut rien trouver à y redire, tant le produit est soigné et vibrant de désirs musicaux.

Ouverture et élégance ont présidé au choix des morceaux, reprises de Billie Hollyday ou Dolly Parton mais aussi d'artistes contemporains avec The Decemberists ou Black Rebel Motorcycle Club. Un mélange des genres qui sent certes un peu trop l'idéologie du métissage, mais qui reste bien mené tant la belle voix un peu rauque de Dame Marianne – c'est toujours cette voix-là, inimitable – se prête au blues comme au folk, à la romance comme au postrock. Entre maîtrise du classicisme et intelligence du moderne ce dessine un album aristocrate et spirituel. Les invités de choix, à la mode sans être tout à fait populaires – branchés, aurait-on dit dans les années quatre-vingt – s'y succèdent et font leur office: Antony Hegarty (Antony and the Johnsons) vient chanter les répons sur Oo Baby Baby; Keith Richards et Jarvis Cocker se fendent également d'un duo avec leur noble hôtesse, et Nick Cave fait des apparitions sur The Crane Wife. Le superbe Children of Stone (repris d'Espers) doit beaucoup à la voix de Rufus Wainwright. On croise aussi, aux instruments, Cat Power ou Sean Lennon.

Les titres choisis étaient déjà beaux; parfois, leur candeur romantique semble un peu surannée (Sing Me Back Home), ailleurs c'est leur qualité expérimentale qui est jeté un peu trop vite aux oubliettes (The Crane Wife). Mais Marianne Faithfull s'y coule toujours avec ardeur, et émeut profondément avec ce Down from Dover tragique ou l'appel fervent de ce Hold On, Hold On. La production, menée par Hal Willner, avec lequel Faithfull avait déjà plusieurs fois collaboré avec bonheur, s'attache à respecter l'esprit des originaux, dans leur humour, leur sucré ou leur violence, tout en laissant la chanteuse se les approprier, non artificiellement par des effets de timbre, mais avec la touchante sincérité d'une music lover, qui possède et est possédée par ce qu'elle chante.

Easy Come, Easy Go aurait pu n'être, dans la multiplication des ses atouts et dans le luxe même dont il s'entoure, qu'un album bien lisse, trop soigné pour ne pas être froid. C'est au contraire un disque beau et surtout intransigeant, sans surprises peut-être mais certainement pas consensuel dans ses choix: libre, honnête. Arrivant au statut de diva intemporelle, Marianne Faithfull a conservé au fil des ans cette qualité rare qui lui permet d'aimer la musique sans complaisance: la classe.
tracklisting
    01. Down From Dover
  • 02. Hold On Hold On
  • 03. Solitude
  • 04. The Crane Wife 3
  • 05. Easy Come Easy Go
  • 06. Children Of Stone
  • 07. How Many Worlds
  • 08. In Germany Before The War
  • 09. O O Baby
  • 10. Sing Me Back Home
  • L'édition Deluxe contient 8 chansons supplémentaires.
titres conseillés
    Down From Dover, Children of Stone,
notes des lecteurs
Du même artiste