Chronique Album
Date de sortie : 04.05.2009
Label : Maybe Records
Rédigé par
Jimprofit, le 27 avril 2009
Moins prolifiques et plus discrets que leurs homologues et potes Biffy Clyro, les écossés de Sucioperro n’ont jamais pour autant fait figure de petit pois. Au cours des cinq dernières années, ils n’ont eu de cesse de bâtir leur identité musicale, laquelle, unique et authentique, leur confère désormais une place à part dans la galaxie des gros bras du rock britannique. Successeur très attendu du tonitruant Random Acts Of Intimacy et de la mise en bouche toute récente constituée par le brillant EP, Mum’s Bad Punk Music, l’agence de la douleur fait déferler implacablement ses dix compositions d’une très grande variété et d’une infinie sobriété.
Dès l’entrée en matière impressionnante de limpidité et de corrosion, Liquids, l’auditeur fond littéralement comme le métal en fusion distillé avec subtilité et efficacité. Si on retrouve tous les ingrédients qui ont forgé le son du combo, les guitares hystériques et acérées nous transportent dans une autre dimension, celle où le hardcore devient poésie. De facture plus sereine, The Dissident Code et Are You Convinced ? renouent avec des mélodies primitives et imparables, qui s’imposent tout naturellement et coulent avec fluidité sans renoncer à cette furie sonore toujours sous contrôle et maîtrisée qui est devenue la marque de fabrique de la formation.
Pour Don’t Change (What You Can’t Understand) et You Can’t Lose (What You Don’t Have), Sucioperro introduit une dimension à la fois aérienne, en proposant des harmonies éthérées et virevoltantes, ainsi qu’une dimension plus philosophique au message des paroles. En outre, il est à noter une incursion dans des contrées inédites où la voix se fait plus ouatée et la musique presque acoustique, à l’instar des presque pop, Conception Territory et I Have Reached My Limit. Mais le point d’orgue de l’opus est à notre humble avis le brûlot incandescent No. 273 qui brille à la fois par son inventivité et son extrême rigueur mélodique. Ainsi, durant plus de cinq minutes, sommes-nous envoûtés par le martèlement métronomique et les riffs électrifiés dévastateurs d’une composition qui confine au superbe et au symphonique.
Plus éclectique et abouti que son prédécesseur, Pain Agency s’avère être un vrai régal auditif, foisonnant d’atmosphères riches et vraies. Depuis la coloration épique progressive de Hate Filters jusqu’à l’urgence d’un You Can’t Lose (What You Don’t Have), Sucioperro ne cesse de nous surprendre en faisant voler en éclats les clichés du genre. Ainsi l’essai que constituait Mum’s Bad Punk Music s’en trouve-t-il transformé haut la main pour nous offrir l’un des albums essentiels de cette année.