Sucioperro

Réputée pour la douceur de ses nombreuses formations pop, le talent de ses songwriters ou les expérimentations sonores de groupes aventureux, la scène écossaise produit de temps à autres des combos rock pour lesquels la guitare est le principal artifice. Dans l'ombre de Biffy Clyro depuis des années, Sucioperro appartiennent à cette catégorie, obtenant régulièrement l'approbation des observateurs sans rencontrer le succès escompté. La sortie de The Heart String & How To Pull It changera-t-elle la donne ?

Autant le dire d'emblée, ce troisième album est le symbole d'une ambition qui n'aura probablement jamais été aussi flagrante et affichée. Avec le soutien de Xtra Mile Recordings, Sucioperro semblent ici chercher à accroître leur champ d'action, quitte parfois à explorer des chemins qu'il aurait pourtant été préférable de ne jamais emprunter. Scindé en deux parties, l'album laisse pourtant entrevoir de belles promesses dans un premier temps. Les guitares sont dynamiques, les riffs tranchants et le punk du trio semble même plus inspiré que jamais. L'omniprésence de chœurs féminins, assurés par Lauren Hazlett, apporte une vraie profondeur et rompt même une certaine monotonie du chant lors des refrains. Une entame qui, sans pousser à crier au génie, se veut plus que satisfaisante.

C'est un autre groupe que l'on découvre dès Ideas Have Values, lancé par une boucle électronique tout aussi dispensable qu'irritante et rapidement oubliée. Ce qui aurait pu n'être qu'un faux pas ponctuel semble alors entacher chacun des titres à venir. Sur Invisible Monsters, ce sont des « yeah yeah yeah » douteux que l'on retrouve avant qu'une tentative ratée de chant en français se traduisant par la répétition d'un « Est-ce cela pourquoi vous m'appelez ? bancal ne fasse perdre tout intérêt au très funky Is That Why You Pull Me In. Certes la ballade finale, Hands, est de bonne facture, mais elle ne compense en rien les nombreux ratés l'ayant précédé.

En cherchant à tout prix à se renouveler sur The Heart String & How To Pull It, Sucioperro se sont au contraire dispersés et ont perdu les principaux ingrédients faisant l'attrait de leur musique. Un troisième essai raté en comparaison avec Random Acts Of Intimacy et Pain Agency, deux disques qui, à défaut de surprendre, savaient nous tenir en haleine de bout en bout.