Sucioperro

Sous la houlette du producteur made in UK, le chevronné Chris Sheldon, qui tire le meilleur parti des groupes de la division électrifiée, depuis Therapy ? jusqu’à Biffy Clyro, Sucioperro effectue son grand retour, longtemps différé, sur le devant de la scène punkcore britannique. Souvent considéré comme le lieutenant de la bande à Simon Neil et ayant prouvé le contraire en témoignant d’une vraie identité musicale au travers de son premier opus Random Acts Of Intimacy, paru il y a deux ans et demi, le trio écossais nous donne l’occasion de confirmer les espoirs fondés en lui, par le biais de Mum’s Bad Punk Music, la mise en bouche du nouvel album attendu pour le début de l’année prochaine.

Comme si le combo souhaitait nous offrir un échantillon de ses univers de prédilection, les quatre compositions inédites se présentent comme un catalogue où nous sont livrés suffisamment d’éléments pour pouvoir réaliser un état des lieux. Tout d’abord, on retrouve dans Mums’ Bad Punk Music, avec une joie non dissimulée, les riffs torturés et épurés, décochés sur un tempo moyen et survolés par une voix aérienne toujours d’une pureté époustouflante. Ainsi constate-t-on que les harmonies que distille la formation ont gagné en subtilité et en nuances. Cette impression est, en effet, confirmée par le somptueux We Are The Mirrors In The Mirrors Of Each Other où, à la fois, les instruments et la voix, transcendés, donnent leur quintessence.

Le point d’orgue est maintenu avec une facilité déconcertante par Crush-ed, composition à la fois envoûtante et inspirée, tout en variations, à la manière d’un très progressif. De facture plus classique sans pour autant sombrer dans le convenu ni la monotonie, l’ultime chanson, Pain Agency, titre du futur album, évoque le Sucioperro des débuts, plus brut de décoffrage. Il en résulte néanmoins une mélodie d’une efficacité redoutable, effilée comme la lame d’un scalpel, où la voix vociférante danse sans cesse sur le fil du rasoir et lorgne résolument du côté du hardcore.

En conclusion, nous avons deux très bonnes raisons de nous satisfaire de la parution du nouveau EP. D’une part, celui-ci signe le retour tonitruant de l’un des combos les plus inventifs et rigoureux d’un genre saturé de copies carbones et, en outre, nous ne pouvons que saluer leur brillante résurrection. Vivement donc un début d’année prochaine qui s’annonce très prometteur et jouissif avec la sortie de deux albums qui, avec certitude, réclameront toute notre attention, ceux de The Rifles et de Sucioperro.