The Prodigy

Voici l’occasion de confier l’une de mes plus grandes peines : je n’ai jamais vu Prodigy en concert. Oui, une certaine honte, mais surtout un désespoir d’avoir raté à maintes reprises un groupe culte à mes yeux (et à ceux de bien des gens). Alors, en apprenant qu’un album live de Prodigy allait sortir, retranscrivant la tournée Warrior's Dance qui a vu le groupe renaître avec l’exposé d’un album dévastateur, Invaders Must Die, j’étais impatient de me jeter dessus et de rattraper en quelque sorte le temps perdu et les occasions ratées.

Alors je me suis préparé, et lorsque l'objet est arrivé, tout était en place pour que mes oreilles en prennent pour leur grade, ma sono étant prête à rendre l’âme s’il le fallait. Et le résultat est à la hauteur de l’attente : le live au Milton Keynes Bowl du 24 juillet 2010, j’y étais. Ou presque. Il n’empêche que le set est tout d’abord sur le choix des titres une véritable gourmandise pour le fan : si le groupe joue de nombreux titres de son dernier album, il n’en oublie pas de consacrer quasiment la moitié de son set aux classiques, comme Smack My Bitch Up, Firestarter ou Out Of Space (qui fait office de final sanguinolent). Petit regret, l’absence de Music Reach 1/2/3/4. Toutefois il faut se rendre à l’évidence, un tel concert ne peut que satisfaire une large partie des fans du groupe.

Surtout lorsque la performance est également là : la claque sonore est en effet brutale, efficace, directe. Il suffit d’écouter Thunder pour rentrer dans un live halluciné, où le titre repose sur un trip lancinant et quasi-bestial, pour céder ensuite la place à Warrior's Dance, qui fait office de véritable départ au live ; on sent le public frémir, suer et désespérer, pour ensuite exulter dès que le morceau démarre. Et là s’enchaînent les titres dans une frénésie incroyable ; l’écoute de l’album est une expérience de longue haleine, un trip où il faut rentrer conscient sous peine d’être très vite assommé par ce son violent et ravageur qui ne s’arrête jamais. Mais si vous entrez dans l’atmosphère, ce World's On Fire se révèle être un pur plaisir pour les fans du groupe et tout simplement de « bon gros son ».

Au sortir de tout cela, après être passé dans un hopitâl où l’hypertension sonore est omniprésente, le live s’apaise (si l’on peut employer un tel mot en parlant de Prodigy) avec Out Of Space, tube intemporel du groupe qui finit d’abattre les derniers survivants à une expérience sonore particulièrement jouissive. Et lorsque le disque s’arrête, que ma sono devient soudainement muette, une envie persiste : les voir en chair et en os, impérativement.