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Kele

The Boxer

Kele - The Boxer
Chronique Album
Date de sortie : 21.06.2010
Label : Wichita Recordings/Cooperative Music
3
Rédigé par Chloé Thomas, le 2 juin 2010
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Le troisième album de Bloc Party, Intimacy, sorti il y a deux ans, laissait déjà entrevoir l'attrait de plus en plus prononcé du groupe pour un son électronique. Kele Okereke, charismatique frontman, a ainsi, le temps d'un disque, congédié guitariste, bassiste et batteur pour une première expérience en solo tournant résolument le dos au rock. En résulte The Boxer, produit par XXXChange (Spankrock, The Kills), et destiné à faire chauffer les dancefloors cet été avec son ton très disco-punk.

Un disque que Kele Okereke a choisi de signer de son seul prénom tout en se laissant photographier d'une manière le condamnant à finir en poster dans la chambre des adolescents amoureux des belles mécaniques. Tout cela sent un peu la superproduction lorgnant vers MTV. Pourtant, et très paradoxalement, The Boxer semble être pour son auteur un pas vers la maturité. Reprenant une imagerie hip-hop, sans toutefois renier des origines rock en version plutôt intello, Okereke, noir, gay, à la voix toujours aussi particulière et sans préjugés musicaux, cherche visiblement à définir sa place dans l'univers de la musique britannique.
Curieusement, l'album navigue entre deux tendances sans paraître vouloir se décider : d'un côté, une électro épurée et résolument dance, de l'autre, comme une nostagie du rock, avec des beats qui reconstituent une ligne de basse ou la batterie sèche de Matt Tong. On n'entre jamais dans la techno brute, d'abord parce que Kele a conservé un goût du texte qu'on lui connaissait déjà chez Bloc Party et qui ne se dissoud pas dans les synthés. Il est rare, alors, que le chant devienne une boucle parmi d'autres. Et on est même surpris de trouver, avec Unholy Thoughts, un titre qui aurait trouvé sa place sans difficultés sur un des album de son groupe.

Mais l'orientation générale, indépendamment des instruments choisis (guitare ou beats, au fond, tout cela est secondaire), est celle du dance-punk, dans la lignée de Rapture notamment. Tenderoni, son premier single, est ainsi représentatif de l'album à ce titre. D'abord assez minimaliste, le morceau vire à la club music sans complexes, jouant à épeler le leitmotiv, mais à mille lieux cependant du trop fameux D.A.N.C.E. de Justice : The Boxer est moins ludique, plus subtile, et, dans ses thèmes, moins gratuits aussi (ndlr : un tenderoni, en argot, est un béguin pour un garçon un peu trop jeune). Pas un beat écervelé, mais une chanson construite comme un titre rock, seulement plus charnelle, hédoniste et estivale en somme.
On ne peut s'empêcher de noter ici le principal défaut de A Weekend In The City, deuxième album de Bloc Party : une incapacité à renouveler les mélodies, provoquant l'impression d'entendre les mêmes que sur Silent Alarm. Kele joue-t-il alors à se remixer lui-même ? De toute évidence, si l'on est ravi de retrouver cette voix, toujours sexy, c'est par ses arrangements que l'album est original et se démarque des précédentes productions du chanteur.

La conclusion que l'on est tenté d'en tirer, c'est que la frontière entre rock et musique électronique est décidément devenue bien floue. Peut-être est-ce là ce qui pouvait arriver de mieux à l'Angleterre, endormie sous la vague des wannabes singeant Pete Doherty et restés coincés en 2001.
tracklisting
    01. Walk Tall
  • 02. On The Lam
  • 03. Tenderoni
  • 04. Other Side
  • 05. Everything You Wanted
  • 06. New Rules
  • 07. Unholy Thoughts
  • 08. Rise
  • 09. All The Things I Could Never Say
  • 10. Yesterdays Gone
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    Tenderoni, Unholy Thoughts, Walk Tall
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