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The Phantom Band

The Wants

The Phantom Band - The Wants
Chronique Album
Date de sortie : 18.10.2010
Label : Chemikal Underground
4
Rédigé par Julien Soullière, le 16 octobre 2010
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C’est maintenant une certitude : Andy T. Oxford et ses compères sont à la musique ce que les sorciers sont à la magie, soit des adeptes de pratiques mélodiques occultes et de mixtures sonores biscornues. Tout juste dira-t-on alors que nous étions prévenus : leur Checkmate Savage, sorti en début d’année dernière, nous avait en effet mis une grosse puce à l’oreille. Seulement voilà, en un album seulement, le groupe de Glasgow a occasionné une impensable rupture de stock au rayon « superlatifs » de la presse spécialisée et, par souci de professionnalisme, nous nous devions de nous montrer méfiants. De les attendre au tournant. Et de sévir bien sur, en cas de besoin.

Premier constat : The Phantom Band n’a rien perdu de sa superbe et contagieuse folie. Il n’y a qu’à écouter l’insensé The None Of One pour s’en convaincre : si le morceau débute par une ambiance et un phrasé réconfortants, dignes d’un bon cru de Noah And The Whale, il devient subitement insaisissable, s’aventurant en des terrains hostiles où bidouillages électroniques et voix caverneuses règnent en maîtres; O, titre minimaliste au charme enivrant, est pour sa part victime d’obscures divagations vocales, tandis que Goodnight Arrow, morceau qui clôturant le disque, se pare d’un final aussi apocalyptique qu’inattendu.
Dire que The Wants abrite des compositions guidées par la seule liberté de ton du groupe est donc un doux euphémisme, et comme c’était déjà le cas par le passé, cette grosse louche d’imprévisibilité va de pair avec la quantité industrielle d’influences et de styles qui sont brassés (et digérés) par les écossais. En vrac, on citera David Lynch, Tom Waits, le vampirisme, le doo-wop, le rock, on en passe et des meilleurs.

Deuxième constat : The Phantom Band aime à revêtir ses comptines d’un long manteau de noirceur. Même si l’album n’est pas exempt de jolis éclats lumineux (l’entrainante et pop Mr. Natural en est le parfait exemple), l’ambiance générale est somme toute assez sombre, et ce ne sont pas les percussions menaçantes (A Glamour), les sonorités fantomatiques (Everybody Knows It’s True), les voies d’outre-tombe (Into The Corn), et autres chœurs inquiétants (Walls) parsemant le disque qui nous convaincrons du contraire. Même le titre le plus épuré de l’album se nomme Come Away In The Dark... ça ne s’invente pas ! Une ballade qui, son nom par ailleurs, évite autant de céder à la lourdeur ambiante qu’au grain de folie évoqué plus haut : véritable interlude, elle vient se poser là comme pour permettre au groupe et à l’auditeur de souffler quelque peu avant la dernière ligne droite.

En forme(s), The Phantom Band signe là un retour qui fait figure de confirmation. Foutraque mais surtout foutrement maîtrisé, The Wants est certes plus homogène que son prédécesseur, mais il est aussi une nouvelle preuve de la puissance créatrice d’un groupe qui ne ressemble décidément pas aux autres. Alors, il est vrai que le disque est court (9 titres seulement), mais il est également si dense qu’on se demande sincèrement s’il aurait été possible, voire judicieux, de l’imaginer plus long qu’il ne l’est.
Au final, The Wants ne restera pas comme l’album le plus accessible de cette fin d’année, et il en laissera clairement plus d’un sur le perron. Quand bien même : ceux qui observeront l’intérieur par la fenêtre pourront quand même s’accorder sur une chose : The Phantom Band a de l’intelligence, du culot et un sacré talent.
tracklisting
    1. A Glamour
  • 2. O
  • 3. Everybody Knows It's True
  • 4. The None Of One
  • 5. Mr. Natural
  • 6. Come Away In The Dark
  • 7. Walls
  • 8. Into The Corn
  • 9. Goodnight Arrow
titres conseillés
    A Glamour, Mr. Natural, Into The Corn
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