Pete And The Pirates

Réjouissez-vous, le flot musical de nos pirates britanniques préférés est de retour chez Stolen Recordings. Plus sombre et plus affûté que jamais, la petite bande de Pete And The Pirates a visiblement pris de la bouteille depuis sa première sortie dans les bacs, trois ans plus tôt. Au nom de Little Death, l’objet extatique fut hautement apprécié par tous ceux qui surent se laisser chavirer par ses vagues de guitares pop fraîches et impétueuses.
Grandi par l’expérience des années passées et parce que la vie n’est pas toujours toute rose, l’excellent groupe anglais nous livre un après Little Death visiblement influencé et distortionné par leurs névroses vécues, leurs tourments rencontrés et autres fantômes croisés en chemin. Mature, la troupe revient donc ce mois-ci du grand large épaulée de Brendan Lynch (Paul Weller, Primal Scream, 22-20s, Ocean Colour Scene), avec dans ses filets un second album studio sombre et électrique, baptisé One Thousand Pictures, que l’on qualifiera tout simplement de brillant.

Même s'il aura fallu trois ans pour que nos platines soient à nouveau prises à l’abordage par la bande de musiciens pirates en question. Oui, trois ans, on se dit que c’est le temps qui leur aura été nécessaire pour tout simplement digérer l’après Little Death et sa contre-euphorie. La durée requise pour se noyer dans l’amertume d’une vie et nous revenir plus inspiré que jamais, avec à la clé, des textes plus sombres, posés sur une musique plus dure.
Le résultat artistique est un mélange subtil et déroutant que laissait déjà présager quelques mois plus tôt la sortie remarquée de l’enivrant et tourmenté Come To The Bar, sorte de rencontre improbable entre un clavier emprunté à Kraftwerk et le retour des Beach Boys. C’était tout simplement osé et ça s’est avéré au final carrément addictif.

A l’image de cet avant-goût sonore épatant, One Thousand Pictures dans son ensemble ne démord pas à l’hameçon et matérialise même cette grande claque musicale qu’on espérait tant. De Can’t Fish, titre introductif puissant au clavier mystérieux et originaire d’une autre planète, à Half Moon Suite, ballade de fin tiraillée entre retenue de circonstances et frustrations amoureuses, en passant par United et son refrain terriblement fédérateur ou encore Washing Powder et sa touchante fragilité, Pete And The Pirates font preuve tout au long de ce dernier effort sonore d’une facilité mélodique déconcertante, ainsi que d’une profondeur d’écriture jalousée. L’équilibre est toujours parfait entre la voix si particulière et tant appréciée de l’incontournable Tom Sanders, entre la foule de guitares virevoltantes chères à la formation de Reading, entre une rythmique audacieuse omniprésente et l’ajout de quelques claviers inédits aux sonorités mystérieusement psychédéliques, mais bien venues.

Ainsi, comme la traversée de la Manche ne semble constituer qu’une simple formalité pour les cinq musiciens de Pete And The Pirates, il serait dommage de rater leur accostage musical qui s’annonce bien évidemment tonitruant.
Hissez donc les voiles et découvrez au plus vite l’embrun musical de ce One Thousand Pictures qui vous ensorcellera aussi rapidement que le chant sombre d’une sirène psychotique et égarée au large d’un océan pop mélodieux.