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The Horrors

Skying

The Horrors - Skying
Chronique Album
Date de sortie : 11.07.2011
Label : XL Recordings
3
Rédigé par Thibaud, le 11 juillet 2011
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C’est un fait, beaucoup avaient été conquis par les deux premiers albums de The Horrors. Il faut dire que ces cinq garçons aux allures de gothiques punk depuis assagis sur le plan vestimentaire ont su tout d’abord nous livrer un premier disque détonnant, d’une énergie et d’une froideur folle, avec des tubes qui resteront comme l’implacable Death In The Chapel (ou la reprise de Crawdaddy Simone, qu’il faut absolument écouter si ce n’est déjà fait). Puis le deuxième album est arrivé en 2009, Primary Colours, avec un remaniement total au niveau de la sonorité du groupe. Total, ou presque, puisque le son se voulait toujours aussi froid mais cette fois-ci plus posé, plus vaporeux et langoureux, avec des influences lorgnant vers le shoegaze et le krautrock (Sea Within A Sea, qui avait étonné pas mal de monde à l’époque, tout en étant calqué sur Mother Sky de CAN).

Et nous voilà donc à l’heure du troisième album, celui que l’on appelle bien souvent « de la confirmation », comme si la trilogie devait toujours s’achever sur une bonne note. Surtout qu’après un deuxième effort acclamé, il semblait évident que les Horrors allaient transformer l’essai, ils allaient remporter le gros lot, tout simplement. Pourtant, ce Skying est, vous l’aurez compris en voyant la note, une semi-déception.

Mais n’évoquons pas tout de suite les point négatifs de ce disque qui possède tout de même des qualités, de vrais points forts : tout d’abord, ce nouveau son, plus lumineux, comme si les musiciens étaient enfin sortis de la caverne du quartier de White Chapel où ils s'étaient terrés. L'impression est donnée sur l’ensemble des titres de voir évoluer un groupe « heureux », notamment à l'écoute du surprenant clavier de You Said, qui nous fait dire « Mais, j’écoute les Horrors là ? ». Une bonne surprise, puisque la conjugaison de ces mélodies beaucoup plus claires et de la voix grave de Faris forment un ensemble harmonieux.
On retient en réalité principalement les quatre premiers titres qui ouvrent l’album, avec une introduction fabuleuse (Changing The Rain, sorte d’opposé brillant au Mirror’s Image de Primary Colors), You Said qui forge l’étonnement, I Can See Through You qui confirme ce dernier et nous livre un titre aux accents épique mais jamais trop pompeux, et un Endless Blue très (très) influencé par Joy Division. Ce quatuor de titres est bon, même excellent, et forme une base solide à partir de laquelle on s’attend à une suite encore plus forte, folle, comme l’était la deuxième partie de Primary Colours.

Et là, si vous me permettez l’expression, c’est le drame. Ou presque. Car Endless Blue ,qui fait office de ballade oscillant entre lumière et ténèbres, laisse place à Dive In, un titre quasi soporifique, où l’on remarque des symptômes peu évidents jusque là, mais qui font que l’album est une semi-déception : il y a tout d’abord ce rythme, qui ne sait clairement où aller, comment battre. Comme si le groupe se retenait d’exploser, de livrer son énergie, ou de faire comme sur son précédent opus, un mélange habile entre leur énergie punk et sonorités quasi-ambiantes. On ne sait pas clairement où veulent aller les Horrors, à l’image de ce Still Life qui fait office de single mais qui endort surtout l’auditeur, malgré un magnifique clavier.
Au fond, Still Life est un choix parfait pour représenter Skying : de bonnes idées à l'image du clavier, des montées « épiques » rares mais plutôt bien maîtrisées, mais surtout cette mélodie qui veut rayonner mais est toujours contenue, retenue et qui doit laisser place trop souvent à de longs instants d’ennui. Ces mêmes moments où se révèlent l’autre défaut de Skying : un Faris qui fait tout simplement le beau, qui s’épanche, qui cède à la tentation de jouer au dandy crooner ténébreux. Si l'impression transparaissait déjà parfois sur Primary Colours, Faris avait tout de même une certaine retenue ; une retenue qu’il a abandonné et qui provient sans doute de l’expérience Cat’s Eyes où il a pu s’adonner là aussi à ce rôle de crooner sombre un peu grotesque.

La suite de l’album se veut une ode au chant de Faris, avec des mélodies sans véritable originalité. Wild Eyes, par exemple, est d’un ennui et d’une inutilité totale. Le groupe tente même à deux reprises l’exercice du morceau « plus long », avec ce Moving Further Away de plus de huit minutes. En un mot, souffrance, puisque contrairement à Sea Within A Sea, premier titre dépassant le format « pop » par les Horrors, ce nouvel essai s'avère beaucoup trop long, et surtout sans véritable leitmotiv musical pour nous faire accrocher à un trip carrément douloureux si l’on est fan du groupe.
Oceans Burning relève un peu le niveau, mais c’est un final bien trop maigre pour nous donner envie de nous replonger dans l’écoute complète de l’album. Notons également la présence de Monica Gems, tentative du groupe pour proposer un titre plus garage (à l’image New Ice Age sur Primary Colours), mais qui là aussi se transforme en une tentative sabordée par un groupe dont l’inspiration semble s’être évaporée.

Quelle cruelle déception de voir à quel point le groupe a gâché son potentiel à travers cet album faiblard, avec quelques bons titres certes, mais qui auraient dû simplement figurer sur un EP, et non pas être sur un disque dont plus de la moitié est tout simplement dispensable. Reste à voir ce que deviendront ces chansons sur scène, même si tout cela n’est pas très rassurant. Avec cet album plus « lumineux », espérons que le groupe saura nous impressionner dans l’obscurité des salles de concert...
tracklisting
    01. Changing The Rain
  • 02. You Said
  • 03. I Can See Through You
  • 04. Endless Blue
  • 05. Dive In
  • 06. Still Life
  • 07. Wild Eyed
  • 08. Moving Further Away
  • 09. Monica Gems
  • 10. Oceans Burning
titres conseillés
    Changing The Rain, You Said, I Can See Through You
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