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The Horrors

Interview publiée par Hybu le 27 mai 2009

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Quelques heures avant leur concert au Baron, rendez-vous avec les Horrors lors d'une journée de promotion marathon dans les locaux exigües de leur label en France. Nous interrogeons Faris (chant) et Joshua (guitare) à l'occasion de la sortie de Primary Colours...

Bonjour, comment allez-vous tous les deux ?

Faris : Oui, tranquillement, un peu fatigué. Nous venons d'avoir une journée de promo épuisante et puis, comme tu l'as peut-être vu, on a eu quelques problèmes avec la pochette de l'album.

Votre nouvel album est très différent du premier, que vouliez-vous y exprimer ?

Faris : Les influences de Primary Colours sont plus ou moins les mêmes, c'est juste qu'elles sont plus évidentes. On a essayé de développer cet aspect avec le groupe, d'essayer de nouvelles choses et ne pas se mettre de barrières.
Joshua : Oui, il y a eu une mauvaise interprétation de Strange House, il a été catalogué freakbeat alors qu'on aimait déjà ce genre de choses. Pour celui-ci, on voulait éviter de se répéter, faire quelque chose d'excitant.

Sans doute aviez-vous été catalogué Freakbeat en raison des références explicites ? je pense à la mention des instruments ou aux reprises que vous avez faites en bsides à cette époque...

Faris : Tu remarqueras d'ailleurs que le Vox Continental n'est pas utilisé sur cet album. Car nous voulions vraiment essayer de nouveaux instruments, trouver de nouvelles textures.

C'est pour cette raison que vous avez travaillé avec Geoff Barrow ?

Faris : Quand nous avons écouté le dernier album de Portishead, nous nous sommes dit qu'il utilisait vraiment des sons intéressant et que ça serait bien d'avoir son point vu et son approche des choses pour ce que nous voulions faire pour ce disque. Il pouvait capturer une certaine atmosphère et apporter des choses vraiment intéressantes.
Joshua : Une des raisons aussi qui nous a fait travailler avec Geoff, c'est que nous aimions beaucoup le trip-hop. Son apport a vraiment été déterminant.

On entend vraiment sa touche sur Sea Within A Sea par exemple, en particulier sur les claviers...

Joshua : Ce qui s'est passé avec le premier album, c'est qu'il y avait un gros travail de production qui n'était pas toujours évident à reproduire. Avec lui, il n'y a pas eu un gros travail de fond, afin d'essayer de garder un aspect direct, très live, que l'on puisse retranscrire mais on utilise beaucoup plus d’instruments.
Faris : Il a vraiment fait en sorte de capturer ce que nous avions. Une grand part de l'album a été enregistrée live... Je veux dire, nous jouions tous ensemble. Et Geoff Barrow nous a vraiment incités à le faire afin de garder l'énergie.

Avez-vous l’impression de faire partie d’une scène ? Je pense notamment à d'autres groupes comme S.C.U.M. ou These New Puritans...

Faris : En fait pas vraiment, nous ne partageons pas beaucoup de choses avec ces groupes. Certains effectivement sont nos amis, je pense à Neils Children que nous connaissons depuis très longtemps ou certains des membres de S.C.U.M. Peut-être que l’intérêt pour les musiques sombres a un peu évolué et qu’il y a plus de groupes qui ont ces influences.
Joshua : Cet aspect sombre est parfois ennuyant même…

Pourquoi avoir changé de label pour cet album ?

Faris : Avant, nous étions chez Universal et maintenant avec XL. Même si le premier album a plutôt bien marché, le problème avec les majors du disque, c’est que tu es sensé faire des choses calibrées pour la radio. Tu dois être une sorte de groupe de pop. Ce n’est pas évident de faire du punk. Alors que là, tout est super pour nous, on peut sortir un clip de 8 minutes, on a carte blanche. Pourtant, on conservait une certaine liberté avec Loog Records, mais il y avait une certaine pression après ce premier album.

Aviez-vous été surpris par le succès de votre premier disque en Angleterre ?

Faris : Il y a énormément de groupes à Londres et nous sommes plutôt contents d’avoir réussi à émerger de tout ça. En plus, nous avons des retours très positifs sur le nouvel album. Tu sais, nous avons beaucoup évolué et nous sommes heureux de la tournure que les choses prennent, nous avons l’impression d’avoir passé un palier. Nous sommes vraiment très excités par les perspectives des prochains mois.
Joshua : Voilà, nous sommes impatients de jouer l'album sur scène, comme ce soir par exemple. A ce propos, comment est la salle ce soir ?

C’est le Baron, un club branché, il a une bonne programmation mais l’endroit est petit…

Faris : Je pense que c’est plutôt cool, j’ai eu des bons retours même si on m’a dit que c’était effectivement petit. Nous allons bien voir. Nous avons décidé de ne jouer que des morceaux du nouvel album, ce sera seulement la troisième fois que nous les jouerons live. Nous avons besoin d’entraînement, donc pour l’instant, celles du premier album sont écartées, ce qui ne signifie pas que nous en n’intégrerons pas plusieurs dans nos sets plus tard. C’est vrai que certaines des anciennes ne collent pas tellement mais je suis sûr que nous pourrons en adapter certaines, et c’est d’ailleurs ce que nous faisions déjà, en les faisant évoluer différemment pour qu’elles soient compatibles avec nos nouvelles attentes. Sheena Is A Parasite, par exemple, colle toujours très bien.
Joshua : Nos anciennes chansons ne sont pas si différentes, on va juste les adapter, les retoucher un peu pour faire des sets cohérents. En tous cas, nous allons certainement essayer les intégrer dans le set au milieu des chansons du nouvel album.

Vous n’avez pas l’impression d’être un groupe d’érudit ?

Faris : Beaucoup de groupes en Angleterre manquent de recul, ils sont vraiment nombreux à suivre la mode du moment, à faire ce que les médias attendent d’eux. Ils s’inspirent seulement des groupes des cinq dernières années, alors qu’il y a vraiment beaucoup de choses intéressantes à écouter dans la musique plus ancienne… Les Kinks par exemple sont un de mes groupes préférés. J'ai une question, est-ce tu connais Thomas Dutronc ? Qu'est-ce qu'il joue exactement ?

SOV : Je ne connais pas très bien, apparemment de la chanson. Ce qui est intéressant, c'est que c'est le fils de Jacques et Françoise Hardy...

Faris : J’aime beaucoup Jacques Dutronc, c’est dommage que sa musique ne soit pas aussi bonne.

SOV : Justement je crois que vous organisez des soirées à Londres où vous êtes DJ non ? Qu’est-ce que vous y jouez ?

Faris : Nous faisons des soirées dans des clubs de Londres, nous nous amusons bien. Nous passons des morceaux, invitons des groupes que nous aimons et partageons nos goûts. J’adore jouer de la pop française par exemple, tu sais, Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc, les 5 Gentlemen ou des trucs sixties comme les Pretty Things. J'adore acheter des vinyles. En fait, nous passons vraiment des choses variées, j’aime l’italo-disco et beaucoup de musique concrete aussi : Pierre Henry, Stockhausen… Mais, nous n’essayons pas de faire danser les gens, en général, nous passons la musique en début de soirée, c’est juste pour s’amuser et faire écouter des morceaux aux gens.

Ne crois-tu pas qu’il est plus difficile de faire sa propre musique quand tu en sais autant ?

Faris : Tu sais, nous essayons d'avoir la liberté d'intégrer dans la musique que nous faisons certains aspects que nous aimons. C'est une bonne chose de pouvoir amener de la nouveauté provenant d'autres sources et de se distraire en même temps.
Joshua : Oui, et puis, tu vois, il arrive que nous amenions des choses de manière accidentelle, ce n'est pas toujours réfléchi. Mais, comme on écoute beaucoup de musique, cela se ressent forcement sur cette part d'inconscient.
Faris : C'est finalement assez dur de rester frais, les choses reviennent toujours c'est dans le cycle dans le musique.

En ce moment, que conseillez-vous d'écouter ?

Faris : HTRK, un petit groupe de Londres. J'aime aussi beaucoup Black Lips, ils sont vraiment super sur scène. Mais, il y a pas tellement de nouveaux groupes cools en fait...