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Baxter Dury

Happy Soup

Baxter Dury - Happy Soup
Chronique Album
Date de sortie : 15.08.2011
Label : Regal
35
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 17 août 2011
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Cas de figure, délicat s’il en est, dans la carrière d’un artiste en devenir : « Etre le fils de... ».

Progéniture de Ian Dury, Baxter n’a pas vraiment eu la vie, l’éducation et l’apprentissage des enfants que nous avons un jour pu être ou avoir. Son père, après s’être essayé à l’art et la peinture – il en conservera un talent certain qui orna les murs de la maison familiale et orne encore les murs de la maison de son fils – embrassa la carrière d’artiste crooner, un brin poète, pas mal maudit. À sept ans, il contracte la poliomyélite dans une piscine municipale et en héritera une canne qui ne le quittera plus. En 1971, pour rendre hommage à son idole, Gene Vincent, tout juste décédé, il forme son premier groupe qui assure une première partie des Who, puis, en 1975, fonde le groupe Ian Dury And The Blockheads qui atteint l’immortalité avec ce genre de titre qui vous catalogue tout une carrière : Sex And Drugs And Rock & Roll.
Le reste, c’est de l’histoire. Une histoire qui est d’ailleurs sortie au cinéma en mai dernier aux Etats-Unis grâce au réalisateur Mat Whitecross, sous le titre éponyme, Sex And Drugs And Rock & Roll ! On y voit le jeune Baxter spectateur de la carrière déjantée de son punk de père, enchaînant les concerts comme les conquêtes, avec beaucoup de talent, mais qui, par esprit d’autodestruction et une étique artistique poussée dans ses derniers retranchements, n’aura jamais la chance et le réseau exigé pour percer dans cette Angleterre de Cockneys désillusionnés, déjà bien représentée par les Sex Pistols d’un côté et Madness de l’autre. Baxter quitte l’école à quatorze ans et joue avec une baby sitter plutôt iconoclaste, un ex roadie des Led Zeppelin ! Allez donc faire autre chose que du rock après ça !

En 2001, après avoir chanté pour les funérailles de son père, mort l'année précédente, Baxter sort son premier EP, Oscar Brown puis son premier album, Len’s Parriot Memoral Lift accompagné de Geoff Barrow et Adrian Utley de Portishead et de Richard Hawley de Pulp, excusez du peu ! En 2005 vient Floor Show à la pochette ornée d’une œuvre de son père et agrémenté d’un titre qui cartonne sur Nova comme au studio 102 de la maison de la Radio les lundis soir d’avant 2011, Cocaïne Man !

Après une absence de six ans, Baxter nous revient avec un nouvel album nommé Happy Soup. Titre énigmatique dont lui-même n’arrive pas vraiment à expliquer l’origine, mais qui prend sens à force d’écoutes. Épaulé par la voix d’écolière de Madelaine Hart, jeune artiste Australienne, les dix titres du LP sonnent très Lo-Fi avec lignes de basse et voix en avant et s’écoutent en toute détente, un verre de Brandy encore fumant à portée de main. Madelaine, arrivée en cours de processus d'enregistrement du disque, a eu pour mission de féminiser le projet, le principe étant qu’ils devaient tous deux être capables de chanter les morceaux s'ils se retrouvaient seuls dans une chambre d’hôtel.
Baxter est Anglais et le revendique jusque dans le moindre recoin des mélodies et des textes de son Happy Soup. Bercé d’artistes post-punk, crooners mais aussi rythm and blues, Baxter ajuste son héritage à son époque et transforme la rage de ses aînés en mélodies électro pop mesurées que sa voix caverneuse sépare de toutes velléités trop dansantes. Happy Soup est un recueil d’histoires avant tout.

Souvent comparé à un Graham Coxon pour son timbre de voix, Baxter relate des histoires quasi autobiographiques dans ses textes (Afternoon) qu’agrémentent les intonations angéliques de Madelaine (Claire), inconnue dans l’hexagone mais déjà prophétesse en son pays. De ce disque moins sombre que les précédents, Baxter dit qu’il contient comme un psychédélisme de bord de mer ! L’humour Anglais sûrement...
De son extravagant paternel, Baxter a hérité le phrasé typique ; celui des Cokneys qui hachent les mots et ne prononcent jamais la dernière consonne. On ne sait jamais s’il chante, cite ou déclame ses histoires de famille, mêlant les enfants non désirés avec les souvenirs de ses parents. Lui qui se déclare fan de Serge Gainsbourg et qui a produit l’album d’Alister, Aucun Mal Ne Vous Sera Fait, s’immisce dans la cour des grands sur la pointe des pieds mais par la grande porte, celle du label EMI qui a ravi à Rough Trade un talent qu’ils avaient sous évalué.

Baxter n’a jamais compris le peu de médiatisation dont il bénéficiait pour ses albums précédents mais réussit ici une introspection artistique parmi les plus rudes : exister par lui-même sans imiter ou contrefaire son géniteur !
tracklisting
    1. Isabel
  • 2. Claire
  • 3. Leak At The Disco
  • 4. Afternoon
  • 5. Happy Soup
  • 6. Trellic
  • 7. Picnic On The Edge
  • 8. Hotel In Brixton
  • 9. The Sun
  • 10. Trophies
titres conseillés
    Picnic On The Edge - Claire - Isabel - Afternoon
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