Gallon Drunk

Un retour, bon ou mauvais, est toujours remarqué... Surtout lorsque le retour en question est celui de Gallon Drunk, ambassadeur de la musique rock alternative en Grande-Bretagne, qui a fait des années 90 son terrain de jeu favori.

Après avoir sorti une série de disques il y a déjà deux décennies (de You, The Night And the Music en 1992 à From The Heart Of Town en 1993), le groupe emmené par son fondateur James Johnston – que l'on a pu voir aux côtés de Nick Cave & The Bad Seeds -,le batteur Ian White et le saxophoniste Terry Edwards (aperçu avec PJ Harvey et Morrissey) a repris du poil de la bête, rebranché ses instruments et retrouvé sa forme d'antan sur The Road Gets Darker From Here, un nouvel et septième album épique et sans concessions, qui ne triche pas et voit Gallon Drunk renouer avec son électricité, sa liberté, sa fureur, sa sensibilité, sa tension et son psychédélisme.

Autant le dire tout de suite : tout est bon à prendre dans ces huit nouveaux titres, construits à la fois avec finesse et décompression. De la virilité grunge-rock de You Made Me, que Nirvana ou les Pixies auraient très bien pu écrire, à l'univers cosmique de The Perfect Dancer, les Londoniens maîtrisent leur art comme à leur début, et c'est sans concession qu'ils se donnent, vrais et sincères à la fois, dans leur déversement d'énergie rock, punk, voire jazz, et subliment leurs titres avec leur empreinte délicieusement dark.

Leur don n'est pas dans la technique, ni dans la surenchère d'effets ni même dans la prouesse vocale : Gallon Drunk doit son crédit à son style affûté, sa mélancolie mêlée à sa rébellion (l'effronté et très bon Killing Time), et à sa recette astucieuse consistant à confectionner des mélodies sur le fil du rasoir, noisy et accrocheuses à la fois, à construire des rythmes contrastés et à fusionner les ambiances : le funk groovy de The Big Breakdown, l'atmosphère lourde et puissante fournie par les cuivres de I Just Can't Help But Stare (proche de Morphine), la tension énergique d'A Thousand Years ou d'Hanging On, et la ballade douce-amère Stuck In My Head sont, à ce titre, la preuve de l'accord parfait unissant les membres du groupe, et, pour les fans, celle d'une jouissance auditive bienvenue.

Bref, vivement le huitième album !