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Gallon Drunk

Paris, Point Éphémère - 2 octobre 2012

Live-report par Olivier Kalousdian

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Confidentiel, underground, exigeant, arty... Gallon Drunk ont beau s’être formés en 1988 et avoir sorti leur premier album en 1992, ils n'ont rien à voir avec la vague Britpop Anglaise de ces années-là. Mais alors rien du tout !

C’est peu de le dire, James Johnston et ses acolytes du moment (James étant le seul rescapé du groupe originel) n’ont ni la faveur des radios (à l’exception des plus pointues) ni celle des médias généralistes. Gallon Drunk, ce sont un peu les Danièle Delpeuch (voir le film Les Saveurs Du Palais) du rock : elle a servi les plus grands à l’Elysée, était la préférée de François Mitterrand pour sa cuisine étymologique, mais reste aujourd'hui inconnue ou presque.
C’est que, depuis les années 90, nombre de groupes se sont réclamés des influences jazzy swamp rock torturées du groupe de James. Sa propre carrière se posa, huit années durant, du coté des claviers des Bad Seeds du grand Nick Cave. Étant données les exigences de l’Australien, sans concession dès lors qu’il s’agit d’écrire, composer ou jouer de la musique à ses cotés, autant dire que le concert des Gallon Drunk était attendu au tournant par le tout Paris connaisseur et quelques artistes du 7ème art comme Olivier Assayas (ndlr : James a collaboré à son film, Clean).

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Précédés par les Français de The RocKandys, quintet psyché rock un peu cacophonique mais dont l'un des titres fut composé en collaboration avec Anton Newcombe de The Brian Jonestown Massacre, Gallon Drunk s’installent sur la petite scène de la petite salle accueillant un petit public aux alentours de 21h30.
Chemise cintrée vintage, boots noirs et chevelure abondante poivre et sel, James Johnston n’a que faire de ses quarante-cinq ans tapés et entame un set toutes cordes vocales déployées avec une énergie qui n’a rien à envier à The Jim Jones Revue. Dans un style bien moins blues, Gallon Drunk alignent des compositions bruyamment complexes (Some Fool’s Mess). Des compositions animées par James, guitare d’une main, orgue de l’autre, et micro en lévitation, Terry Edwards (Tindersticks, PJ Harvey...), bassiste remplaçant feu Simon Wring (ndlr : mort début 2011), Ian White à la batterie et, pour l’occasion, un quatrième larron rencontré un soir de bacchanale dans un pub anglais en 2011, Léo, saxophoniste dont le son est issu de la vague no wave de James Chance.

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Tirée de leur dernier album, The Road Gets Darker From Here, en forme d’hommage à leur bassiste décédé, You Made Me déclenche des riffs saturés qui gémissent sur un tempo aussi sec que les coups de pied en avant de James dont on est maintenant certain qu’ils inspirèrent Nicolas Cage et sa danse des Katas dans le film Sailor Et Lula. Acclamés par une armée de fans dont la moyenne d’âge sera tue, pour une fois, Gallon Drunk mobilisent également dans les rangs de rockers fraîchement éclairés et entonnent un Killing Time qui flirte avec la folie des Birthday Parties, avant un unique rappel.

Ce soir, il s’en sera fallu de peu pour que James ne trébuche sur une jambe lancée trop haut et que sa guitare qu’il aime faire virevolter se voit fracassée sur la scène dans un cliché qu’il aura sans doute jugé un peu trop facile. De quoi ravir les fans de la première heure comme ceux de la nouvelle génération venus sortir de la clandestinité ce groupe essentiel qui mérite tout notre respect.