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Gallon Drunk

Paris, Petit Bain - 12 avril 2014

Live-report par Olivier Kalousdian

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Après avoir failli boire une sacrée tasse, il y a quelques jours, Paris se relève et rayonne à nouveau au bénéfice d'un soleil de printemps, éclatant. Le Petit Bain, péniche jouxtant la piscine Joséphine Baker du quai François Mauriac dans le 13ème arrondissement de Paris est une de ces nombreuses salles parisiennes dont l'aura et la programmation font des jaloux, jusqu'en Angleterre.
On y croise des quadras comme les jeunes générations et tout ce petit monde fume sa cigarette sur la terrasse du pont supérieur, aux cotés des membres de Gallon Drunk, tête d'affiche du soir, ou de ceux de Son Of, première partie de ce set, comme si de rien n'était...

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Parfois, un petit miracle se produit même ; outre l'annonce affichée du retour des Fishbone (le 18 mai, toujours au Petit Bain) qui ravit cent pour cent des auditeurs du soir (ou presque), le groupe mystérieux qui ouvre le bal du soir, Son Of, vaut à lui seul le voyage jusqu'à la salle maritime. Autour du charismatique Arnaud Mazurel (ex-Jack The Ripper), un quatuor torturé et endiablé envahit, au sens littéral du terme, la petite scène à fond de cale du Petit Bain. Avec un blues déchaîné, hanté par leurs aînés de Violent Femmes (superbes envolées du chant et des guitares acoustiques sur It Was Summer) et du Birhday Party, une interprétation scénique magistrale de chaque membre qui expérimente le live comme le dernier souffle d'une vie dédiée à la musique, et des titres tels que DoberWoman dont la rugosité servent l'énergie de chacun, Son Of recueillent tous les suffrages et laissent une scène bouillante à leurs poursuivants. Depuis Selfish Cunt, on n'avait pas encaissé un tel coup de poing rock dans la catégorie découverte !

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Si les cheveux poivre et sel des quinquas ont un ce charme qu'on leur prête ou impliquent une quelconque séduction auprès des femmes (comme des hommes), alors James Johnston, leader de Gallon Drunk, est un des cupidons du rock maudit. Passés à Paris en 2012 pour défendre leur premier album depuis 2007, The Road Gets Darker From Here, Gallon Drunk reprennent leur vitesse de croisière en revenant jouer ce soir dans la capitale pour The Soul Of The Hour, huitième album studio en vingt-six ans d'existence.
Sans préliminaires, Before The Fire introduit, avec l'inquiétante profondeur de son piano, privilégiant les octaves les plus graves, le sombre recueil du soir. Mêlant marécages et jungle urbaine, les comparses de James Johnston affichent un détachement dû à leur grande expérience et une classe liée à leurs décades de pratique au sein de multiples formations (James Johnston fut guitariste de Nick Cave ; le guitariste Terry Edwards a joué avec Glen Matlock ou Lydia Lunch...).

Avec The Exit Sign, qui démarre avec des percussions déjà entendues sur le There There de Radiohead, le navire tangue sur les eaux mordorées de la Seine. Deux titres issus du dernier album en date, The Soul Of The Hour. Sur Hanging On, toute la rage des guitares à effets accompagnant la voix désespérée de James Johnston brûlent l'assistance d'un feu sacré puisé dans l'album précédent, The Road Gets Darker From Here. Avec The Soul Of The Hour, titre éponyme de l'opus sorti le 7 mars dernier, le chant de James, en désaccord avec la mélodie – carte d'identité du groupe – semble hurler sa colère au-dessus de la mêlée de cymbales appuyant une structure rythmique dont les temps faibles semblent être aux abonnés absents. Killing Time joue ses riffs à fond de reverb et plonge l'assistance dans une danse de Saint-Guy que seul le garage rock peut influer.

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Mais, c'est avec The Speed Of Fear, dernier titre du set, que Gallon Drunk mènent tout son monde en bateau sur un rythme de croisière qui semble enfin atteint. Une longue introduction de riffs et de percussions crasseux qui se répètent, surmontés, bientôt, par des cordes sèches et le chant, toujours urgent de James en surimpression ; l'hypnotique mélodie fera le reste pendant les presque six minutes du titre.

Un seul rappel, avec le plus ancien Some Cast Fire et ses accords désaccordés de saxophone empruntant au plus sauvage du James Chance, époque no wave, et aux saturations plus sales des Birthday Party. Après tout, comme le dit la citation, on ne construit du solide que sur le passé.
setlist
    Before The Fire
    The Exit Sign
    Hanging On
    Just One More
    Bad Servant
    The Soul Of The Hour
    Killing Time
    Traitors' Gate
    The Speed Of Fear
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    Some Cast Fire
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