Plugs

L'East London semble bien, ces derniers mois, être le vivier des jeunes formations arty, inspirées tant par la musique que par toute autre forme de création artistique. Plugs ne dérogent pas à la règle et nous livrent, le temps de ce premier album éponyme, le travail résultant du foisonnement intellectuel qui les caractérise.

Mené par Morgan Quaintance, ex Does It Offend You, Yeah et rédacteur émérite dans les revues d'art contemporain les plus réputées, et Dave Chin, Plugs nous présentent un projet original, mené rondement et finement pour aboutir à un hybride indéfinissable mais diablement efficace.
Produit par Ben Hillier, celui-là même qui fut à l'origine du Think Tank de Blur ou du Cast And Thousands d'Elbow, Plugs s'écoute comme un roman ou un film ; ne se détachant jamais vraiment du visuel (dirigé par Alden Volney), cet album retrace une histoire imaginaire, sortie du cerveau en ébullition de ses concepteurs. Les morceaux correspondent donc toutes à un tableau et ils se suivent sans toutefois se ressembler.

Tout commence par une électro cadencée sur un rythme de synthétiseur assez froid et linéaire, une voix synthétique et une progression laissant entrevoir le panel du groupe (Agree To Be). Une entame sans emphase, avec ce qu'il faut de retenue pour amener à la grosse déflagration d'On And On ; un son plus dur, plus rock, même si les petites touches de synthé nous rappellent à l'electronica. La balance des styles est parfaite et ne cessera pendant la dizaine de titres.
Du krautrock à l'électro en passant par le rock, aucune influence n'est oubliée et nous voguons de Charybde en Scylla sans bien comprendre comment les compères parviennent à ne pas faire décrocher l'auditeur. Les transitions cinglantes sont déstabilisantes mais constituent également le point fort de Plugs. Il se passe beaucoup de choses en très peu de temps, les virages sont serrés, parfois même un peu maladroits, mais le côté totalement foutraque attise l'intérêt. On ne tombe jamais dans le digéré ou le déjà entendu, encore moins dans la facilité, et quand un titre comme Free Tibet semble prendre un chemin déjà balisé, ce n'est que pour mieux le déstructurer. Certaines compositions, plus consensuelles dans leur structure (Black Microdots) possèdent un refrain imparable et on leur pardonne bien de mettre le bout du pied dans le bain des pop songs mainstream.

Comme l'illustrent certains morceaux, Plugs est l'album des contraires, passant du White (Light) au Black (Microdots) avec une facilité déconcertante. Il allie rock et électronique, ambiances glaciales ou, au contraire, plutôt festives, pour nous laisser, en fin de compte, avec une seule impression : celle de devoir passer une seconde écoute pour mieux comprendre ce qui vient de nous arriver.