Si l'on devait choisir un groupe sur lequel rédiger un mémoire, il s’agirait des Struts. En effet, rarement ces dernières années un groupe aura été à la fois autant critiquable qu'admirable dans son approche de tous les domaines liés à sa construction et son évolution. Et rarement j'aurai eu autant à dire et à me questionner sur un groupe si jeune. De l'attitude au look en passant bien entendu par leur musique en elle-même, chaque élément choisi par le groupe sème la discorde au sein du public pour tour à tour susciter l'émerveillement, le doute, l'amusement ou l'énervement.
Mais reprenons du début. « To strut », en anglais, cela signifie « parader ». Et ce n'est clairement pas un hasard que le groupe ait choisi un tel patronyme. The Struts, que ce soit dans leur musique ou sur scène, font dans le glam et dans l'excès, principalement via leur chanteur détonnant Luke Spiller. Même leur album nommé
Everybody Wants (Comprendre « Everybody Wants The Struts ») orné de la photo de leur chanteur la bouche entrouverte avec une veste en cuir arrive à faire se poser la question de savoir s'il s'agit d'un vrai disque ou de la compilation « revival 70's, cuir & moustache ».
Leur leader n'y est d'ailleurs pas pour rien, à mi-chemin entre Freddy Mercury (que celui qui n'a pas cru entendre
Queen par moments à l'écoute du disque me jette le premier strass), David Bowie et Mick Jagger... En effet leur concert en première partie de
The Rolling Stones au stade de France n'était certainement pas dû au hasard.
Mais justement cette
attitude souvent excessive (le live virant parfois à la chorégraphie ou au one man show) bien qu'
assumée suscite chez certains une forme de répulsion qui peut être compréhensible...
Par ailleurs, musicalement parlant, le premier étonnement vient du tournant à 180 degrés pris par le groupe depuis ses débuts. Car le premier titre diffusé il y a deux ans par les quatre jeunes gens originaires de Derby,
I Just Know, laissait présager un avenir extrêmement rock'n'roll bien loin du glam d'un
Kiss This plus représentatif du reste de l'album. Cela n'est néanmoins pas très grave, car les anglais semblent à présent avoir trouvé leur voie, et on aura beau reprocher tout ce que l'on veut aux Struts, il y a quelque chose qu'on ne pourra jamais leur enlever : leur sens du rythme.
Car une fois écoutés des titres comme
Kiss This,
Put Your Money On Me ou
Dirty Sexy Money (oui, même leurs titres sont de pures émanation de bling-bling) impossible de se les enlever de la tête. La recette est pourtant simple et éculée (un riff simple à retenir, une basse et batterie légère, quelques effets de guitare, des chœurs aux chants) mais s'avère terriblement efficace, catchy et autres qualificatifs avantageux. Et ce sont des titres comme ceux-ci, alliés à une présence sur scène détonante (bien que parfois un peu
too much) qui font qu'on ne peut qu'approuver, de près ou de loin, ce que fait le groupe.
Néanmoins le meilleur côtoie le pire sur cet album et des titres stridents comme l'introductif
Roll Up, ou fadasse comme
Let's Make This Happen Tonight seront à oublier au plus vite et font plus office de remplissage qu'autre chose.
Au final l'avis reste bien entendu mitigé tant sur le groupe que sur son premier album, mais l'excellence de certains tube en puissance est incontestable. On aura donc beau argumenter pendant des heures, la conclusion restera la même : The Struts auront toujours un grand nombre de détracteurs, mais pour peu qu'on laisse de côté leurs facéties parfois un peu agaçantes, il est possible d'en tirer de très bons tubes que l'on prendra plaisir à écouter... Mais toujours avec modération !