The Travelling Band

On a davantage l'habitude de trouver la scène folk britannique du coté de Londres que de Manchester avec ses sonorités cradingues et grises. Mais c'est bien du nord que le quintet The Travelling Band nous arrive, avec ce troisième album The Big Defreeze faisant suite à l'acclamé Screaming Is Something sorti il y a déjà trois ans. Le groupe a acquis une solide réputation scénique, plus encore que pour des albums qui n'ont pas toujours convaincu. Ils franchissent ici un cap en enregistrant ce disque aux Church Studios de Londres plutôt que sur l'île Écossaise perdue qui avait servi de cadre au second disque.

Si la folk doucerette des grands espaces les caractérisait avant tout, The Travelling Band ont cette fois franchit une ligne jaune vers une musique populaire aux chœurs chantés à tue-tête et aux hymnes indie-rock un peu faciles. La rythmique est bien plus marquée et on imagine déjà un public reprendre les « hoo hoo » en tapant des mains, même si la subtilité de quelques ballades est toujours présente. Les Mancuniens nous insufflaient pourtant l'espoir d'un bon album avec cette première moitié plutôt plaisante. La voix juvénile est caressante nous prenait par les sentiments, quelques arrangements de cordes pointilleux surplombaient une guitare bucolique sur le single Passing Ships. On en est venu à penser à Travis sur ces refrains plutôt lisses et bien sentis, ou à Suede avec ce coté bluesy un brin décalé et classieux sur Garbo. La guitare commençait à nous aguicher sur 25 Hours et Quicksand, la voix se faisant plus rugueuse, le rock'n'roll prenant le dessus, se rapprochant des héros du rock anglais actuel. The Travelling Band fonrimer « Slow Motion » avec « Ocean » et ça nous défrise, nous répètent « Summer's Gone » et ça nous attriste.

Une émotion brute transparait, autant dans des titres folk en quasi a-capella où la guitare explose finalement, que dans les citations de glorieux ainés comme la guitare grave sonnant très Radiohead période The Bends sur Making Eyes, qui nous fait les yeux doux. On s'envole même dans le psychédélique sur Sticks & Stones mais le tout va franchir la limite du désuet et du larmoyant sur la fin du disque. The Travelling Band passe de la subtilité à la facilité un peu trop rapidement après quelques éclats lumineux qui ont pu nous réjouir. Une pop de stade nous fera lâcher prise, même si For All The Fallen reste diablement accrocheur avec ses relents gospel. The Travelling Band ont voulu se libérer de leur carcan americana pour éclore au plus grand nombre. Ils ont presque réussi, mais en passant parfois trop en force.

Ce troisième album nous laisse sur notre faim avec quelques bons moments qu'ils conviendra de conserver et d'autres plus dispensables. Il plaira néanmoins aux fans de brit-pop actuelle pas trop exigeants, qui ont tout de même écouté le dernier U2 avant de le supprimer d'iTunes.