Cate Le Bon

Très différent de son précédent album Mug Museum, très orienté guitares, Crab Day, le nouvel opus de Cate le Bon, est un excellent cru. Et ce n'est pas, contrairement à plein de disques récents, un excellent album qui ne le serait que pour aujourd'hui et les mois prochains. Crab Day est un disque intemporel, qui aurait pu sortir à l'aube des années 70 comme en 2025.

Crab Day, la chanson-titre qui ouvre l'album, est juste une petite merveille. La voix rauque de Cate le Bon évoque le fantôme de Nico dont elle est sans doute l'unique héritière de part sa grâce et son talent. D'entrée, on se dit que l'on va avoir à faire à un très, très bon disque et la suite ne contredit pas cette première impression.
Wonderful, le premier single extrait de l'album, est un morceau tout aussi délicieux que ne l'est Crab Day. On est ébahi par la simplicité des guitares et des instruments, une apparente économie de moyens, une sorte d'épure, de lo-fi absolu alors que la richesse des arrangements atteint un niveau d'excellence impressionnante. C'est d'ailleurs la grande force de ce disque : des arrangements superbes et subtils et une cohérence totale du début à la fin.

L'autre élément qui impressionne est la voix de Cate le Bon. Les guitares ayant été mises en retrait sur cet album, on découvre à quel point elle est l'une des meilleures chanteuses actuelles. Sa voix fait particulièrement des merveilles sur Crab Day, I'm A Diry Attic ou We Might Revolve. Le disque sonne parfois comme un disque de folk mais un folk étrange et féerique comme en attestent I Was Born On The Wrong Day ou Wonderful qui sonnent presque comme des comptines.
On sent avec ce disque que Cate le Bon a réussi à recréer exactement ce qu'elle avait en tête et voulait mettre sur bandes. Ses deux précédents albums étaient déjà des réussites mais Crab Day est à un niveau encore supérieur. C'est un album riche, étonnant et qui, écoute après écoute, révèle de nouvelles découvertes. Il pourrait être un peu difficile d'accès mais il n'en est rien car le charme opère dès les premières chansons.

L'album se conclut magnifiquement par What's Not Mine, pur chef d'œuvre musical qui, par ses guitares et la voix traînante de Cate le Bon, rappelle le meilleur du Velvet Underground. Sept minutes de bonheur absolu. Incontestablement un grand disque.