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Cate Le Bon

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 14 avril 2016

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A l'occasion de son récent passage à Paris, nous avons eu la chance de rencontrer Cate Le Bon pour évoquer son nouvel album, Los Angeles et le Pays de Galles.

Je sais que tu vas détester cette comparaison parce qu'on te le répète souvent, mais ce nouvel album sonne très Nico...

On peut être comparé à pire ! J'adore Nico. Le problème n'est pas que l'on me compare à elle, c'est plutôt un compliment. C'est juste de l'entendre encore et encore qui parfois peut me lasser.

Cet album sonne très différemment du précédent qui était très orienté sur les guitares...

Oui, c'est vrai mais cela n'a pas été formulé de façon consciente. Le son est venu de manière naturelle. On a eu plus de temps que pour l'album précédent pour les guitares, les instruments. On avait tout le temps devant nous, de l'espace. C'est la façon dont je me connecte avec les gens, dont les musiciens connectent entre eux qui a donné ce son. Je ne sais pas à l'avance comment va sonner mon disque. Je n'ai jamais d'idée préconçue. Sur celui-ci, la guitare n'est pas mise en avant mais je ne l'avais pas prévu ainsi en amont.

Quand tu fais de la musique, tu ne peux qu'être influencé par Syd Barrett.

On pense à Nico sur ce disque mais aussi à Syd Barrett, que tu as d'ailleurs repris avec cette sorte de folk étrange...

Quand tu fais de la musique, tu ne peux qu'être influencé par Syd Barrett. C'est un des génies musicaux du 20ème siècle.

Ce disque est plein de petits arrangements étranges, comme sur I Was Born On The Wrong Day ou We Might People. Tu l'as voulu ainsi ?

Oui, tout à fait. Là, c'était voulu ainsi. Cela m'a intéressé de travailler de façon très précise les arrangements sur ce disque, de trouver toutes ces sortes de petits détails »


D'ordinaire, tes morceaux sont dans un format pop classique mais là, le disque se conclut par un titre de sept minutes. Ce n'est pas ordinaire chez toi...

C'est vrai mais, là encore, rien n'avait été prémédité. On a joué ce morceau encore et encore et au fil du temps, il s'est allongé. Au moment de l'enregistrement, il faisait sept minutes.

Est-ce que ton album sonnerait différemment si tu habitais encore le Pays de Galles (ndlr : depuis 2013, Cate le Bon habite Los Angeles) ?

C'est difficile à dire. Dur de savoir comment les choses auraient évolué si j'étais restée au Pays de Galles. Cela fait dix ans maintenant que je fais de la musique et c'est compliqué parfois d'avoir un regard sur ce que j'étais à mes débuts. Ce que je sais, c'est que L.A. est une ville parfaite pour faire de la musique. Tu as d'excellents musiciens qui viennent de partout, de New York, de San Francisco, plein de super studios d'enregistrements, l'océan, la nature, bref vraiment toutes les conditions idéales pour la création.

Le Gallois vraiment une belle langue mais elle peut être difficile avec un accompagnement musical.

Tu as parfois chanté en Gallois. Tu ne le fais plus. Pourquoi ?

Je le referai sans doute. J'aime le Gallois. C'est vraiment une belle langue mais elle peut être difficile avec un accompagnement musical. Ce n'est pas la langue la plus facile dans laquelle écrire mais j'ai envie de le refaire dans le futur.

L'an dernier, à Manchester, un membre de BlackTooth, gallois lui aussi, m'a dit qu'on reconnaissait tout de suite un artiste ou un groupe gallois. Tu es d'accord avec ça ?

C'est tout à fait juste. Ce n'est pas qu'il y ait un son gallois mais il y a une manière particulière d'envisager la musique typiquement galloise. Le fait d'avoir grandi dans la campagne, dans la nature, agit sur la façon de penser la musique.

Tu as d'ailleurs collaboré avec plusieurs artistes gallois, de Megan Childs des Gorky's Zygotic Mynci à John Thomas des Super Furry Animals en passant par les Manic Street Preachers. Les artistes gallois se sentent-ils proches les uns des autres ?

On se connait tous. John a beaucoup fait pour la musique au Pays de Galles, il s'est investi dans des tas de projets. Quand les Manics m'ont demandé de chanter sur l'un de leurs titres, c'était un rêve d'ado qui se réalisait ! J'ai grandi avec The Holy Bible. Cela fait un an qu'on ne s'est pas vus mais, oui, les musiciens gallois sont toujours en contact les uns avec les autres.

J'ai l'impression que tu aimes toujours autant manier l'ironie dans tes paroles, par exemple comme sur Love Is Not Love sur cet album...

Tu as peut-être raison mais mes lyrics ne sont pas toujours forcément ironiques. Love Is Not Love est une chanson d'amour, certes pas une chanson d'amour traditionnelle mais néanmoins une chanson d'amour...