The Strypes

Depuis leurs débuts en 2013, The Strypes sont un peu l'antithèse de ce que le marché mainstream essaie de vendre aux ados, marché dans lequel tout artiste de moins de vingt-cinq ans doit être facilement commercialisable, rapidement recyclable et surtout, interchangeable. De belles machines à laver. Avec plusieurs programmes mais au final, de simple lave-linges. L'obsolescence programmée de la pop en quelque sorte.

The Strypes, eux, n'ont pas cédé aux chants des sirènes qui voudraient javelliser le rock mais au contraire, démontrent avec leur nouvel album Spitting Image qu'ils ont à la fois gagné en maturité et ouvert leur répertoire. Ainsi, si leur précédent opus lorgnait du côté des White Stripes, celui-ci flirte avec Paul Weller, Elvis Costello et Fleetwood Mac, pour ne citer qu'eux. Une leçon menée de main de maître en treize titres par quatre gamins nourris à la fois aux vinyles et à Youtube.

Il y a un mois sortait leur single Behind Closed Doors et c'est avec ce titre qu'ouvre l'album. Ross Farrelly, pas encore vingt piges, pose sa voix toujours aussi maitrisée sur une batterie énergique et un riff efficace. Un titre punk-mod, tout comme Turning My Back ou (I Need A Break From) Holidays qui enchaine solo de synthé Hammond, guitare et y ajoute hargne revendicatrice- à propos des vacances all inclusive en Espagne. Fallait oser.

Là où les Irlandais nous surprennent, c'est sur leur nouvelle capacité à faire aussi dans un calme relatif. Easy Riding, Great Expectations ou Black Shades Over Red Eyes alternent ambiance de fin des années soixante, en route vers Monterey et soft rock des années soixante-dix alors que Garden of Eden se veut la bande son d'un western psyché, proche de ce à quoi The Last Shadow Puppets nout ont habitués. Les lyrics sont carrés et on ressent la facilité d'écriture du quatuor qui pourrait donner des leçons de songwriting à des groupes bien plus retaillés. Get It Over Quickly comme Grin And Bear It puisent, elles, dans des influences Beatles/Marc Bolan quand d'autres explorent les recoins du rock old school en le détricotant tout en gardant le fil majeur: Oh Cruel World version 2.0 de Not Fade Away de Bo Didley.

Avec Spitting Image, The Strypes publient un album à l'image du groupe : ambitieux et sans limite, et affirment leur droit à la pérennité.