logo SOV

Morrissey

Paris, Salle Pleyel - 8 mars 2023

Live-report par Emmanuel Stranadica

Bookmark and Share
« I used to think that the day would never come » : comme Bernard Sumner de New Order le chante si bien dans True Faith, jusqu'au bout on a pu douter de l'arrivée de Morrissey sur la scène de la très belle Pleyel à Paris. Les annulations de concerts sont malheureusement monnaie courante avec l'ex-leader de The Smiths, ceux initialement prévus en mars puis septembre 2020 ainsi que mai 2021 n'ont jamais eu lieu. De plus, les nombreuses grèves actuelles appelaient forcément à la prudence pour cette petite tournée française qui débutait en ce 8 mars à Paris.

Mais, à 20h35, c'est bien accompagné de ses cinq musiciens que le Mancunien se présente dans la salle parisienne en lâchant « Enchanté ! » à son public, précédé par trente minutes des inévitables scopitones au titre d'une première partie. Iggy Pop & The Stooges, Eddie Cochran, The Four Tops, ou encore The New York Dolls chauffent la salle avant l'arrivée tant attendue du chanteur. Certes, le concert n'affiche pas complet, mais l'écrin parisien est tout de même copieusement garni et la clameur qui en sort à l'arrivée de l'artiste démontre combien celui-ci était attendu. Our Frank lance le concert. La voix de Morrissey résonne superbement et ses musiciens l'accompagnent parfaitement, Frank Sinatra en bonus en backdrop. Tout au long du concert, l'écran en fond de scène affichera de nombreux héros du chanteur.


En veste, jean et t-shirt à son nom, Morrissey semble ravi d'être de retour dans la capitale et le signifie au public. Il évoque les grèves qui touchent actuellement le pays et remercie ses fans présents de les avoir bravées pour être avec lui. Entre Alma Matters et I Wish You Lonely, la promenade dans le répertoire de sa carrière solo de l'artiste plait à l'audience. Mais c'est avec Stop Me If You Think You've Heard This One Before, premier retour vers le catalogue de The Smiths, que la salle s'enflamme littéralement. Le retour d'Alain White, nouveau comparse de Jesse Tobias, à la guitare est un vrai bonheur pour la scène. Pourtant, petite alerte lorsque Morrissey sort un spray de sa poche qu'il pulvérise dans sa gorge. Serait-il souffrant ? Sa voix est toujours aussi belle, mais va-t-il tenir tout le concert ? Finalement, rien ne surviendra pendant la totalité du set. Le Moz s'amusera même à jouer avec son spray vers l'audience à quelques reprises.

On connaît les déboires de l'Anglais avec les maisons de disques. Bonfire Of Teenagers, annoncé depuis juin 2021 et qui devait être commercialisé par Capitol en fin d'année dernière, n'a toujours pas de date officielle de sortie. On ne sait d'ailleurs pas si un jour ce disque trouvera sa place dans les bacs des disquaires. Morrissey nous livre des versions live de Rebels Without Applause, single digital paru en novembre dernier ainsi que Sure Enough The Telephone Rings, morceau que celui-ci qualifie de particulier et d'étrange. Mais le public vibre vraiment avec le grand classique Everyday Is Like Sunday, précédé par une intro au clavecin par Gustavo Manzur, dans laquelle il chante « Tell me quando quando ». The Loop est également un retour de grande tenue. Ce flashback vers les années rockabilly du crooner fait mouche. « Don't be ashamed to be a woman. Don't be ashamed to be a man. Me, I am Veronica » lance-t-il avant d'entamer la chanson du même nom. C'est avec ce morceau et la discorde avec Miley Cyrus que les choses se sont compliquées pour la sortie de Bonfire Of Teenagers, quand celle-ci a demandé de retirer ses backing vocals originaux. Mais il en faut plus pour venir à bout de ce bon vieux Moz qui a enregistré en début d'année 2023 un nouveau disque à la Fabrique de Saint-Rémi-de-Provence. Deux morceaux sont dévoilés en exclusivité ce soir : Without Music The World Dies, qui donne son titre à l'album, et The Night Pop Dropped. Si le premier ne nous convainc pas complétement avec son côté un tant soit peu rockabilly, le son plus 70's et électro du second nous séduit davantage. Entre un Let Me Kiss You qui voit Morrissey annoncer qu'à chaque fois qu'il chante ses vêtements glissent, Istanbul, ainsi que l'émouvant Trouble Loves Me, on s'étonne de ne pas avoir eu la chance d'entendre d'autres chansons de The Smiths pendant ce concert. Coup double derrière pour remédier à cela avec les nostalgiques Half A Person et Please, Please, Let Me Get What I Want interprétées consécutivement. Vrai bonheur et ravissement du public une fois encore.


Le concert approche déjà de sa conclusion. Une fois The Smiths revisités, le brouillard et la couleur rouge occupent les lieux et les six personnes sur scène se lancent dans une version rugueuse de Jack The Ripper, probablement la b-side la plus incroyable du répertoire de Morrissey. Dans la pénombre, en fin de chanson, celui-ci déchire son t-shirt et le lance à son public. La scène se vide. Sans trop attendre, de retour en chemise noire, Morrissey déclare « Don't forget the truth will always be the truth. Look after your mother, look after your cats and hold on to your friends » avant d'entamer un rageur Irish blood, english heart où le Mancunien en toute fin de la chanson s'approche du backdrop en criant «Oscar, Oscar», avant de revenir vers son public et de conclure par un « I love you !» en guise d'au revoir. Les lumières ne reviennent pas, alors qu'une vidéo d'un suicide par arme à feu tourne en boucle sur l'écran pendant deux minutes. Point de miracle, il n'y aura pas de second rappel. La salle se rallume après 1h30 de concert de bonne facture.

Morrissey et sa nouvelle formation ont trouvé leur équilibre et ce retour a enchanté la Salle Pleyel avant un second round au même endroit, puis la suite de la tournée française qui passera par Lyon et Strasbourg.
setlist
    OUR FRANK
    ALMA MATTERS
    I WISH YOU LONELY
    STOP ME IF YOU THINK YOU'VE HEARD THIS ONE BEFORE (THE SMITHS COVER)
    REBELS WITHOUT APPLAUSE
    JIM JIM FALLS
    SURE ENOUGH, THE TELEPHONE RINGS
    EVERYDAY IS LIKE SUNDAY
    KNOCKABOUT WORLD
    THE LOOP
    I AM VERONICA
    WITHOUT MUSIC THE WORLD DIES
    LET ME KISS YOU
    THE BULLFIGHTER DIES
    THE NIGHT POP DROPPED
    ISTANBUL
    TROUBLE LOVES ME
    HALF A PERSON (THE SMITHS COVER)
    PLEASE, PLEASE, PLEASE, LET ME GET WHAT I WANT (THE SMITHS COVER)
    JACK THE RIPPER
    ---
    IRISH BLOOD, ENGLISH HEART
photos du concert
    Du même artiste