logo SOV

Paul McCartney

Chaos And Creation In The Backyard

Paul McCartney - Chaos And Creation In The Backyard
Chronique Album
Date de sortie : 12.09.2005
Label : Capitol/EMI
5
Rédigé par David, le 10 octobre 2005
Bookmark and Share
« Will you still need me… when I’m sixty-four. »
Voilà, nous y sommes. En cette année 2005 marquée, à des degrés de réussites diverses, par le retour en grâce d’anciennes idoles (Robert Plant ou The Rolling Stones chez les ancêtres, Oasis ou New Order chez les plus récents), l’un des plus illustres mélomanes de tout les temps décide d’assommer la concurrence en sortant un nouvel album limpide et en tout point somptueux.
Quatre ans après la bonne cuvée qu’était déjà Driving Rain, ce jeune artiste de 63 ans qu’est Paul Mc Cartney risque donc bien de marquer l’année de son empreinte grâce à ce Chaos And Creation In The Backyard à la limite de la perfection musicale.

Alors certes, cela ne représente pas un retournement de situation exceptionnel pour les inconditionnels de Macca qui suivent attentivement sa carrière solo depuis le début; en effet, depuis les excellents McCartney et Ram (enregistrés de suite après la séparation des Beatles) jusqu’au récent Driving Rain en passant par le passionnant Flowers In The Dirt (avec Costello aux manettes) ou à la période Wings, le bassiste mythique aura pondu en une trentaine d’années et une vingtaine d’albums de nombreuses petites perles pop comme il en a le secret.
Oui donc, mais malgré ces nombreuses chansons isolées très réussies, aucun album parmi ceux-là n’aura réussi à véritablement créer l’unanimité absolue autour de lui comme un Abbey Road ou un White Album en leur temps et dès lors, il devenait plus raisonnable d’en conclure une bonne fois pour toute que Paul avait certainement donné le meilleur de lui-même en compagnie de Georges, John et Ringo.

Mais de raisonnable Paul n’est point. C’est ainsi qu’il décida, avant d’enregistrer ce nouvel album, de se laisser enfin le temps de composer une œuvre plus «complète», plus aboutie et en parla à son ex-producteur fétiche et ami sincère George Martin qui désigna selon lui l’homme de la situation: Nigel Godrich.
Sous l’égérie du fameux producteur d'OK Computer, Paul Mc Cartney va donc, pour la première fois depuis longtemps, accepter des compromis, jeter des chansons à la poubelle, ne plus enregistrer avec son groupe de scène, s’engueuler en studio (comme à la bonne époque!), jouer de tous les instruments bref il va accepter qu’un peu de chaos vienne perturber le rythme paisible qui caractérisait jusqu’alors la création de ces albums.

Vous trouvez que je ne vous parle que de détails et que je n’aborde et ne défends pas vraiment les chansons de cet album ? Soyons honnête, elles n’en ont pas vraiment besoin !
Le sentiment majeur qui se dégage de la première écoute de ce chef d’œuvre est qu’on a sincèrement l’impression de connaître toutes ces petites merveilles depuis des lustres : du clin d’œil appuyé à Georges Harrison (Friends To Go) à la rencontre tonique Beatles / Beach Boys (Promise To You Girl), de la pétillante acoustique Jenny Wren à la succession (pourtant casse-gueule !) parfaite de Let It Be qu’est Anyway, l’esprit et la grâce du meilleur groupe de pop de tous les temps sont plus que jamais présents.

Mais, et en ce sens réside toute la réussite de l’immense travail de Godrich, point de sentiment passéiste à l’écoute de ce Chaos And Creation In The Backyard qui, à l’image de la magnifique pochette sans âge sur laquelle on devine un Paul adolescent, possède une texture sonore parfaite rendant l’album quasi-intemporel ; ainsi, la patte du producteur de Radiohead réussit tout aussi bien à magnifier des ballades rampantes mélancoliques (Riding To Vanity Fair et How Kind Of You, peut-être les sommets de ce disque) qu’à illuminer des exercices de style brillants (English Tea) ou décalés (A Certain Softness).
Dans ces conditions idéales, le génie créatif et la voix si pure de Paul peuvent à nouveau briller au grand jour. Qui d’autres que lui peut aujourd’hui composer des pépites aussi simples et dépouillées que Follow Me ou Too Much Rain, aussi bien arrangées qu’At The Mercy ou que la somptueuse This Never Happened Before ?

Réussite artistique totale, ce Chaos And Creation In The Backyard enchante du début (l’irrésistible Fine Lines) à la fin (un morceau instrumental caché chaotique qui ouvrent encore des portes plutôt que clôturer sagement l’ensemble !).
Mieux encore, il risque bien de créer une addiction délicieusement puissante chez chaque auditeur de la bête, et, pour les plus jeunes, ne pensez surtout pas que ce disque est «réservé» aux fans transis de Paul Mc Cartney ou aux collectionneurs maniaques des Beatles; même si les clins d’œils sont nombreux, la musicalité et la sincérité exceptionnelle de l’ensemble vous toucheront également au cœur et vous enchanteront sans aucun effort supplémentaire particulier à fournir: ça n’arrive pas tous les jours…
Alors donc, bravo Nigel et surtout merci Paul pour ce cadeau somptueux; tu mérites toujours de recevoir une bouteille d’excellent vin à chaque Saint-Valentin…
tracklisting
    01. Fine Line
  • 02. How Kind Of You
  • 03. Jenny Wren
  • 04. At The Mercy
  • 05. Friends To Go
  • 06. English Tea
  • 07. Too Much Rain
  • 08. A Certain Softness
  • 09. Riding To Vanity Fair
  • 10. Follow Me
  • 11. Promise To You Girl
  • 12. This Never Happened Before
  • 13. Anyway
titres conseillés
    Toutes sans exception.
notes des lecteurs
notes des rédacteurs
Du même artiste