William Doyle

William Doyle continue ses pérégrinations pop atmosphériques sous son propre nom et nous revient avec un Great Spans Of Muddy Time à l'univers à la foi complexe et plaisant.

Très inspiré et plus que prolifique car ayant auto-produit à un rythme annuel depuis 2016 plusieurs albums pour la plupart uniquement en version digitale, ce dernier opus apparaît plus structuré et est ainsi calibré pour un auditoire plus large.
Néanmoins, et comme à l'accoutumée avec William Doyle, le cadre reste implanté dans un paysage fait d'expérimentations synthétiques aux échos qui semblent sans fin. Le tracklisting consiste en treize morceaux dont certaines plages instrumentales plutôt minimalistes qui viennent donner un étrange relief à cet album atypique.

Les premiers titres offrent une entrée en matière facile : I Need To Keep You In My Life, And Everything Changed (But I Feel Alright) et Somewhere Totally Else sont trois morceaux de pop électronique particulièrement raffinés aux mélodies accrocheuses. Ici, le chant de William Doyle s'exprime de façon toujours aussi enchanteresse car son timbre profond et fluet y est parfaitement mis en valeur. Il s'y retrouve cette finesse et cette sensibilité que l'on a chez des d'artistes tels Jack Garratt ou Rufus Wrainwright, la voix de Doyle étant incroyablement proche de celle de ce dernier.


S'en suivent des morceaux à la production plus exigeante où la voix se fait plus discrète face à des à sonorités techno plus radicales. Who Cares, Rainfalls, St Giles' Hall ou Semi-Bionic semblent s'adresser à un public plus averti, les titres se diluant dans une atmosphère aux contours flous. L'impression qui ressort de cette écoute peut être à double tranchant : soit nous plongeons allègrement dans un univers anecdotique et mystique, soit nous perdons rapidement pied car ces pistes bien qu'audacieuses peuvent se révéler un peu trop opaques et entraver ainsi notre plaisir.


Le disque se termine sur trois plages instrumentales typiques de l'univers étrange mais charismatique de Doyle. A Forgotten Film, Theme From Muddy Time et [a sea of thoughts behind it] clôturent l'album sur des notes épurées voire minimalistes, nous laissant presque avec un sentiment d'incomplétude, et légèrement déconcertés. Heureusement, le mode repeat nous fera enchainer à nouveau sur les trois excellentes premières chansons, nous incitant finalement à ne pas cesser l'écoute du disque.

William Doyle a de quoi convaincre ses fans et attirer de nouveaux adeptes avec cet étonnant Great Spans Of Muddy Time qui trouvera tout son sens en live, on l'espère, bientôt.