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William Doyle

Paris, Maroquinerie - 30 avril 2014

Live-report par Maxime Canneva

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Sound Of Violence a eu du pain sur la planche en ce dernier jour du mois d'avril. Car, pour l'occasion, les concerts d'artistes britanniques étaient légion dans Paris. La Perfide Albion a en effet décidé (pour notre plus grand plaisir) d'envahir la capitale le temps d'un soir : alors que la Gaîté Lyrique accueillait à guichets fermés les petits jeunots de The Strypes et que le Bataclan avait affiché complet en quelques minutes à l'annonce de la venue de Kasabian, la Maroquinerie n'était pas en reste et arborait son plus beau sold out pour la désormais traditionnelle soirée [PIAS] Nites, pour laquelle nous attendions la venue d'East India Youth.

Là où il y a encore quelques années les soirées Inrocks Indie Club faisaient vibrer la capitale au son des artistes indés du moment, c'est donc à présent le label [PIAS] qui choisit de venir présenter, à intervalle plus ou moins régulier, ses poulains (voire ses étalons) au public parisien. Reconnu pour son éclectisme au sein de son répertoire, la soirée oscillera entre l'électro plus ou moins poussée d'East India Youth et de Chet Faker en passant par la pop baroque de San Fermin.

Le public s'est d'ailleurs en majorité déplacé pour la tête d'affiche de la soirée, l'australien Chet Faker (on notera à cette occasion dans la fosse un grand nombre de sosies du barbu à bonnets et lunettes) et la salle de la Maroquinerie est encore bien vide lorsque monte sur scène à 20h00 précises William Doyle, a.k.a East India Youth.
Ceux qui, à la vue de ce nom mystérieux, s'attendaient à une musique qui aurait pu être la bande originale d'un film de Wes Anderson, ont du être bien surpris de ne voir sur scène qu'un clavier, une platine et un ordinateur. Vêtu d'une veste en velours et d'un col roulé, William Doyle aime brouiller les pistes.
Alors que l'on s'attendrait à le voir sortir une cup of tea et à nous parler philosophie, le londonien envoie bouler un à un les préjugés précédents en nous faisant découvrir son vaste répertoire électronique.
Et là où son premier album semblait justement parfois se perdre (ou du moins perdre l'auditeur) au travers des différents styles explorés (allant de l'électro ambiante minimaliste à de l'électro pop en passant par des déferlantes techno), la musique d'East India Youth apparaît en live comme une évidence, tant les morceau s’enchaînent avec logique et tant William Doyle donne de sa personne au cours du set.
On le disait justement dans la chronique de Total Strife Forever : « Il y a de la vie dans la musique d'East India Youth », mais celle-ci avait du mal à s'exprimer, piégée au sein des chemins tortueux suivis lors de la composition de l'album. Le live sera donc la catharsis pour William Doyle qui s'exprime parfois avec furie (on a rarement vu quelqu'un jouer de la basse avec une telle passion), parfois avec sérénité, montrant quoi qu'il arrive à chaque fois qu'il manie avec brio le jonglage entre clavier, basse, chant et boîte à rythmes.

L'éclairage et la mise en scène minimalistes, alliés à une Maroquinerie encore peu rempli nous donnent l'impression d'être des privilégiés qui pourront se vanter d'ici quelques mois d'avoir été présents à l'éclosion d'un réel talent, durant ce (trop court) set de trente cinq minutes.
La soirée se poursuit avec la montée sur scène des américains de San Fermin, avec un show millimétré , une bonne ambiance contagieuse et une passion évidente puis s'achève avec la venue de l'australien Chet Faker, acclamé par une Maroquinerie chauffée à blanc et conquise d'avance.

Mais on ne s'y trompe pas, le grand gagnant de la soirée réside en l'outsider East India Youth dont on risque de beaucoup entendre parler durant les mois à venir.