Black Honey

« I made this record for young women to feel invincible » – Izzy B. Phillips

Chez Black Honey, le visuel est primordial. Alors que la pochette de Black Honey, leur premier opus paru en 2018, affichait une typographie et une bouche glam rouge vif, reflet de la musique que le disque proposait, celle de ce Written & Directed se veut quant à elle plus sobre, avec uniquement son titre « by » le nom du groupe, dans une police seventies sur un fond abîmé par le temps. Elle est, à l'image de son contenu, à la fois réfléchie et délirante, aux accents pulp, grindhouse western spaghetti.

Avec son second album, la formation de Brighton revient à ses premières amours. Non pas à la pop bubblegum, énervée et séduisante, que l'on pouvait retrouver sur Black Honey, mais bien au rock'n'roll teinté de grunge et noise pop que le quatuor proposait à ses débuts, saturé et tout aussi séduisant.


L'album débute sur I Like The Way You Die, premier single explosif et diatribe jouissive sur la « masculinité ». On s'apercevra ainsi, au gré des titres, que le fil rouge de Written & Directed sera justement le girl power, notamment à travers des morceaux comme le badass Run For Cover et, surtout, Fire, hymne virulent et nécessaire, plein de rage et d'espérances sur le combat permanent des femmes au quotidien, qui n'est pas sans rappeler l'énième drame survenu à Londres récemment.
Assez dense, l'album dépasse en dix titres tout juste les trente minutes, concentrant quelques brûlots efficaces, dont l'effréné Run For Cover ou encore Disinfect et sa basse infectieuse. De plus, l'ajout de cuivres sur plusieurs chansons (Beaches, Fire, la plus conventionnelle Believer) confère une identité et une ambiance plus singulières à l'ensemble, en adéquation avec la direction visuelle des vidéos – vidéos toutes plus réussies les unes que les autres.


Outre les cuivres grisants et les envolées « riffiques » régulières, Izzy B. Phillips et ses trois acolytes se permettent trois pauses pop non négligeables, à commencer par la trop courte Back Of The Bar, portée par son refrain captivant et la basse entraînante de Tommy Taylor.
La seconde, I Do It To Myself, est une composition au crescendo tout en intensité, débutant sur de l'acoustique avant de s'envoler au travers de cuivres et touches electro bien senties. La dernière n'est nulle autre que la plage de conclusion Gabrielle, une ballade sur fond de guitare sèche sur laquelle le chant d'Izzy se fait suave et délicat, concluant sur une note encore peu explorée ce second disque de Black Honey.



Le premier album était une belle entrée en matière dans l'univers du groupe de Brighton. Celui-ci se veut, lui, plus varié musicalement, mêlant tout du long un rock poisseux à des inspirations pop – tantôt sixties (Beaches), seventies (Summer '92) et eighties (Believer) –, et moins léger quant aux paroles, Black Honey s'armant ici d'un message humain fort, politique et actuel, auquel on ne s'attendait pas forcément, les élevant davantage encore au rang de formations britanniques à suivre en cette année 2021.

« Alone we can do so little, together we can do so much » – Helen Keller