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A.A. Williams

Songs From Isolation

A.A. Williams - Songs From Isolation
Chronique Album
Date de sortie : 19.03.2021
Label : Bella Union
25
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 23 mars 2021
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On avait apprécie Forever Blue, le premier album de la mystérieuse A.A. Williams, même si celui-ci lorgnait de temps en temps un peu trop vers le métal. La prêtresse nous revient, après un report de sortie, avec un disque qui, comme son titre l’indique, a été enregistré pendant une période de confinement. Songs From Isolation est une relecture de neuf classiques du rock majoritairement issus des 90’s ou de la fin des années 80, à la sauce A.A. Williams bien entendu.

Pour entamer ce disque, la Londonienne s’attaque à Lovesong, grand classique de The Cure extrait de leur monument, Disintegration. Délicatement réinterprétée au piano, la chanson gagne en noirceur et perd en conséquence de sa luminosité. La voix de A.A. Williams porte intensément les paroles de Robert Smith et cette version dépouillée n’en demeure pas moins dramatiquement réussie.
C’est ensuite à The Pixies de se voir revus et corrigés dans un format minimaliste. Au piano une fois encore, ralentie et posée, la version de Where Is My Mind? s’avère également assez impeccable. Cependant, à la fin de celle-ci, l’interrogation commence à germer dans notre esprit. Est-ce que les neuf chansons que composent Songs From Isolation vont toutes être interprétées dans ce format lent et au piano ? Car finalement, on risque de commencer à sombrer lentement mais inévitablement vers une déprime, pour ne pas dire autre chose. Bien entendu, ce disque a été enregistré dans un contexte qu’on imagine très bien, mais on se dit alors qu'avec tout ce qu’on subit déjà, a-t-on vraiment besoin de nous infliger un tel moment de souffrance ?

La reprise de Gordon Lightfoot, If You Could Read My Mind n’échappe pas non plus au format de ses prédécesseurs. Une fois encore l'anglaise lui donne un côté beaucoup plus sombre et ralenti. Alors certes, la reprise en elle-même est plutôt jolie, mais l’ambiance générale depuis le début du disque s’avère assez plombante. Et ce n’est pas terminé. Creep de Radiohead, au-delà d’une intro méconnaissable, se voit administrer un dépouillement terriblement frustrant. Cela pourrait s’apparenter à une forme de performance gothique acoustique.
Les choix de l’artiste sont pourtant tous quasiment parfaits. Nights In white Satin de The Moody Blues est un morceau d’anthologie, mais on a vraiment envie de conserver son intensité et son traitement intime au piano lui procure une connotation assez fade. Et même si A.A. Willliams décide de rebrancher les guitares pour reprendre Deftones, on se trouve déjà trop épuisé aux deux tiers du disque pour apprécier sa version à sa juste valeur. D’autant qu’on retrouve à nouveau ce piano lugubre juste après, cette fois pour une reprise de Nine Inch Nails. Into My Arms est intelligemment jouée à la guitare, histoire surtout de ne pas faire un copier-coller de l’original. Quant à Porcelina Of The Vast Oceans, elle conclut enfin un disque beaucoup trop long.

La noirceur d’A.A. Williams a eu raison de nous. Même si l’Anglaise a probablement voulu se faire plaisir en reprenant des chansons qu’elle doit adorer, ces versions réenregistrées at home ont eu sur nous un effet identique au confinement. Si c’est ce qu’elle a voulu nous faire ressentir, c’est parfaitement réussi, mais je doute que c’était là son objectif premier. Un quatre titres aurait probablement suffi. Dommage.
tracklisting
    01. Lovesong
  • 02. Where Is My Mind?
  • 03. If You Could Read My Mind
  • 04. Creep
  • 05. Nights In White Satin
  • 06. Be Quiet And Drive (Far Away)
  • 07. Everyday Is Exactly The Same
  • 08. Into My Arms
  • 09. Porcelina Of The Vast Oceans
titres conseillés
    Lovesong - Where Is My Mind? - If You Could Read My Mind
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